• Mieux vaut entendre ça que d'être sourd...

    « Emmanuel Macron arrive sur le Champ de Mars sur "L'Ode à la joie". »
    (entendu sur TF1, le 24 avril 2022.)  

    (capture d'écran de TF1)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Entendu hier soir, sur TF1, lors de la réélection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République : L'Ode à la joie, avec ode prononcé avec un o fermé de la plus belle eau. Schiller et Beethoven ont dû se retourner dans leur tombe... Car enfin, les spécialistes de la langue − aux oreilles ô combien délicates − vous le diront en chœur : le mot ode, fût-il emprunté du grec ôdê (« chant ») par l'intermédiaire du bas latin oda, rime avec code et s'écrit sans accent circonflexe.

    À la décharge des contrevenants, force est toutefois de reconnaître que la tentation du o fermé, voire carrément chapeauté, ne date pas d'hier : « Quelques ôdes sacrées » (Journal encyclopédique, 1765), « Le poëte récite une ôde » (François Lacombe, 1784), « Une de ses ôdes sacrées » (Octave Delepierre, 1870), « Se répandre en ôdes excitatrices » (Marcel Coulon, 1923), « Si l'Ôde à la joie vous tente » (Benjamin François, Les 100 chefs-d'oeuvre du classique pour les Nuls, 2018), « Cette pièce est une ôde à l'imagination » (Analyse des Fables de La Fontaine, éditions Nathan, 2020). Influence du nom propre Aude ? ou, plus probablement, du nom commun odeur, dont Littré observait que « la prononciation usuelle allonge l'o : ô-deur » ? « [Il convient de] distinguer la prononciation des mots tels que ode, omettre avec celle de odeur, omoplate, [même] si l'o initial de ces derniers ne porte pas l'accent circonflexe », nous mettait déjà en garde, en 1836, le Journal de la langue française. Mais ça, s'empresse de préciser Hanse, c'était avant : « L'usage, après avoir exigé [que le o de odeur] se prononce comme eau, admet aujourd'hui et même recommande qu'on le prononce comme dans fort. » Autrement dit, odeur est désormais au diapason de ode. Ah ! la joie !


    Remarque : Ode, « poème lyrique ou héroïque », est du genre féminin. On s'abstiendra donc d'écrire avec Anatole France : « Un poète reconnaissant le célébra dans un ode » (La Vie littéraire, 1921).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Ode prononcé comme code.

     

    « Quand dont fait son numéro...Différence d'appréciation »

    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    1
    Jeudi 28 Avril 2022 à 09:58

     

    Bonjour,

     

    la lecture de votre billet (inhabituellement court) me laisse perplexe.

     

    N’ayant pas d’accent (comme tout le monde), même si en Bretagne on me trouvait un net accent du midi, je me suis mis à douter de ma prononciation des « o ».

     

    Votre opposition des mots tels que ode, omettre avec odeur et omoplate m’a conduit à consulter mon Petit (et très vieux mais quand même…) Robert, et là c’est l’incompréhension : ode et omettre sont prononcés avec un o ouvert, mais c’est aussi le cas d’odeur et d’omoplate !

     

    Je constate aussi que, dans les pages proches de la page 1 521, l’immense majorité des mots se prononcent avec le o initial ouvert, alors que je les prononçais avec un o fermé. J’ai trouvé un seul mot commençant par un o fermé : ohm, alors que, calamité !, je le prononçais quotidiennement avec un o ouvert.

     

    Mais l’opinion de quelqu’un qui a toujours prononcé « rose » avec un o ouvert importe-t-elle ?

     

    <style type="text/css"></style>
      • Jeudi 28 Avril 2022 à 14:55

        Comme indiqué dans le billet, il s'agit là de prononciations qui ont pu être en usage autrefois. De nos jours, ode, odeur, omettre, omoplate se prononcent tous avec un o ouvert.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :