« Marine Le Pen a la finesse d'analyse qui manquait à son père (...) Elle s'est mise, à côté des thèmes identitaires et sécuritaires qui sont le fond de commerce de sa formation, à brandir des slogans anti mondialistes, souverainistes (les "patriotes" contre la mondialisation), et à mobiliser les électeurs sur le thème de l'appauvrissement et du déclassement. »

(Anne Sinclair, sur huffingtonpost.fr, le 24 mars 2014)  

Marine Le Pen (photo Wikipédia par Foto-AG Gymnasium Melle)

Ce que j'en pense

Notre journaliste est à la peine : elle confond le fond du magasin − la partie la plus éloignée de l'entrée − et le fonds de commerce, entendez l'ensemble des droits et des biens qui appartiennent à un commerçant ou à un industriel et qui lui permettent d'exercer sa profession.

Certes, les âmes charitables feront valoir que nos deux homophones sont issus du même mot latin, fundus, qui possède les deux sens à la fois ; que, à la lumière de cette considération étymologique, Littré suggérait de « supprimer l's de fonds, et de ne faire qu'un seul mot de ce qui n'en est réellement qu'un » − suppression que l'Académie autorisa du reste en 1975... avant d'annuler sa décision. Il n'empêche : la différenciation graphique introduite entre fond et fonds, quand elle relèverait de l'arbitraire le plus pur aux yeux de Littré, remonte tout de même au XVII^e siècle.

Quant au préfixe anti-, il se joint d'ordinaire sans trait d'union au mot qui suit (antiatomique, anticancéreux, antigel)... sauf devant un i (anti-inflammatoire), un nom déjà composé (anti-sous-marin), un sigle ou un nom propre (anti-OGM, anti-Atlas) ou un mot formé pour l'occasion (anti-tout et autres « créations de circonstance »).

Au fond, il en va de l'orthographe comme de la politique : à trop donner dans l'arbitraire et l'exception, on finit par favoriser l'abstention.

Voir également les billets Fond / Fonds / Fonts et Anti-.

Ce qu'il conviendrait de dire

Le fonds de commerce de sa formation.

Des slogans antimondialistes.