• Je m'écrie donc je suis

    « Si elle avait eu une voix, elle se serait écrié : Tire-moi dessus ! »
    (William Olivier Desmond, traduisant le roman de Stephen King Cœurs perdus en Atlantide, paru chez Albin Michel)  

     

     

    FlècheCe que j'en pense

    À en croire les spécialistes de la langue, le participe passé du verbe s'écrier s'accorde toujours avec son sujet : « Ils se sont écriés qu'on les trompait » (Hanse), « Elles se sont écriées » (Girodet), « Elles se sont écriées que... » (Bescherelle), « Elles se sont écriées : "Jamais !" » (Josette Rey-Debove), « Plusieurs journalistes se sont écriés avec indignation dans leur quotidien » (Robert), « Ils se sont écriés : Tant mieux ! » (Larousse). La raison en est fort simple : s'écrier, lit-on à l'article « pronominal » de la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie, est un verbe essentiellement pronominal, c'est-à-dire qu'il n'existe « que sous cette forme à la différence des verbes pronominaux formés à partir de verbes transitifs ».

    À y regarder de près, l'affaire est plus complexe qu'il n'y paraît. D'abord, parce que l'argument avancé est historiquement faux. N'en déplaise aux académiciens (et à la plupart des grammairiens), s'écrier n'est pas à proprement parler un verbe essentiellement pronominal, mais plutôt un verbe qui est devenu uniquement pronominal. C'est qu'il ne faudrait pas oublier (comme le fait pourtant le Dictionnaire historique de la langue française) que le bougre existait également sous une forme simple en ancien français : le verbe escrider, apparu au Xe siècle, puis escrier, lequel a longtemps admis diverses constructions non pronominales. À côté de celles propres au discours rapporté li escrie que (+ discours indirect lié) et li escrie (+ discours direct), attestées au XIIe siècle chez Chrétien de Troye, on relève notamment des emplois transitifs, au sens de « prononcer en criant ; proclamer » (avec pour objet direct la chose criée) et de « appeler à grands cris ; informer, avertir ; décrier » (avec pour objet direct la personne visée) : « Franceis [il] escri(d)et, Oliver [il] apelat » (Chanson de Roland, 1080), « Escri(d)ent l'enseigne [= cri de reconnaissance], escri(d)ent un sermon [= discours] » (Ibid.), « Et chascun escrioit son non » (Marie de France, XIIe siècle), « Puis [il] escrie sa gent » (Jean Bodel, XIIe siècle), « Adont li escria un mot plain de plaisance » (Florence de Rome, XIIIe siècle), « Il li escrie trois mos per reprover » (Les Enfances Guillaume, XIIIe siècle), « Quand il les vit, il les escria » (Jean de Joinville, XIIIe siècle), et encore au XVe et au XVIe siècle : « Chascun sire escria son cri » (Jean Froissart, avant 1410), « Mesmement fut tant la chose escriée que [...] » (Les Cent nouvelles nouvelles, vers 1460), « Il escrie sez ennemis : "A mort, a mort !" » (Le Livre d'Alixandre, XVe siècle), « Le survenant par tels mots il escrie » (Joachim du Bellay, 1552), « Ha ha, madame de Pimprenelle (ce m'escria ceste furieuse et arrogante deesse de ce monde) » (Calvy de La Fontaine, 1556), « Escrier ces mots en effect et substance » (Jean de Visch, 1567), « L'occasion est-elle juste de escrier son nom et sa puissance [de Dieu] ? » (Montaigne, 1580), « Que peut elle dire et escrier autre chose, sinon qu'elle ne soit aymee ? » (Gabriel Chappuys, 1587). Rien que de très logique, au demeurant, dans la mesure où escrier, écrier n'est autre que crier auquel a été ajouté le préfixe es-, é- (latin ex-), qui marque « la sortie, ici l’explosion du cri » (selon la revue pédagogique L'Abeille, 1857), « l'idée d'altération de l'état physique ou émotionnel » (selon Michel Aunargue et Marc Plénat, dans leurs Carnets de grammaire, 2007).

    Ensuite, parce que son corollaire « Dans s'écrier, le pronom réfléchi n'est ni objet direct ni objet indirect ; il n'a pas de fonction grammaticale et ne peut s'analyser » ne va pas de soi. Si l'on a pu dire jadis écrier quelque chose à quelqu'un, avec le sens de « dire d'une voix forte (subitement et sous le coup d'une émotion) quelque chose à quelqu'un », n'est-on pas fondé à admettre aujourd'hui s'écrier quelque chose, avec se mis pour « à soi-même, pour soi-même » ? C'est ce qu'affirment, contre l'avis général, Jacques Damourette et Édouard Pichon dans Des Mots à la pensée (1936) : « L'histoire, on le voit, confirme que s'écrier est un réfléchi assomptival [comprenez : le pronom se y a valeur de complément d'objet indirect] et que l'on n'a commencé à écrire "Louise s'est écriée", "Louise et Charles se sont écriés", etc., qu'au moment où l'on a perdu la compréhension nette de la construction. [...] Et même, on pourrait, semble-t-il, très bien dire : "Je ne sais pas ce qu'il a dit, mais il s'est écrié quelque chose." » Les arguments contraires ne manquent pourtant pas : qui ne verrait que l'association de l'objet indirect « à soi-même, pour soi-même » avec un verbe de parole indiquant une voix forte et tournée vers autrui est contre nature (1) ? et comment expliquer l'apparition (au XVIe siècle) de la construction s'écrier à quelqu'un (2) ? Pour Anna Granville Hatcher (The rise and fall of s'écrier in French, 1940), le pronom se fait bien plutôt office d'objet direct : selon cette linguiste américaine, s'écrier signifiait proprement, à l'origine, « écrier soi-même » au sens de « écrier sa propre voix », l'accent étant mis non pas sur la personne interpellée ni sur les paroles rapportées mais sur l'acte vocal lui-même, sur le fait de pousser des cris. Elle n'en veut pour preuve que l'ancienne construction avoir sa voiz escriée (3) qui serait, toujours selon elle, la racine « conceptuelle » du tour moderne s'écrier. Voire. Car alors, comment justifier cette fois l'emploi de s'écrier avec un nom (ou un pronom) pour complément d'objet direct, attesté depuis la fin du XIe siècle : « E [il] s'escri(d)et l'enseigne » (Chanson de Roland, 1080), « A sa vois clere c’est escrié III mos [= trois mots] : "Ou iés [...] ?" » (Raoul de Cambrai, XIIe siècle), « D'amours c'escriait trois mos » (anonyme, XIIe siècle), « Ce qu'il s'est escrié monstre la grande véhémence » (Jean Calvin, 1555) ? Mais poursuivons notre tour d'horizon. À en croire Léon Clédat (Revue de philologie, 1907), c'est une tendance ancienne de la langue que de former des verbes pronominaux à partir d'intransitifs précédés de l'adverbe en (en aller, en fuir, en voler...) ou du préfixe es-, é- (écrier, écrouler) pour indiquer le commencement de l'action : « L'adverbe en (joint à des verbes de mouvement) et le préfixe é marquent le point de départ de l’action, et le pronom réfléchi, qui est une sorte de complément circonstanciel équivalant approximativement à "par soi", peut être considéré comme exprimant une idée qui s’accorde bien avec celle de point de départ : la mise en train de l’action par le sujet. [...] On peut donc interpréter il s’écrie par : il se met à crier ». Enfin, selon Jean Stefanini (La Voix pronominale en ancien et en moyen français, 1962), rares sont, dans l'ancienne langue, les verbes pronominaux qui se construisent avec un objet direct ; parmi eux se trouvent surtout des verbes de déclaration et d’opinion : soi dire, soi escrier, soi penser... (mais aussi soi avoir, soi vouloir, soi tenir), « où le pronom réfléchi, si l'on veut le classer dans les cadres traditionnels, apparaît comme un datif éthique, et non comme un complément d’attribution » − autrement dit, soi escrier ne signifiait pas « escrier à soi, pour soi », mais simplement « escrier »... avec une nuance particulière de sens, le pronom réfléchi indiquant « le caractère "intérieur", psychique du procès et non le bénéficiaire de l’action » (4). Un complément d'objet indirect, un complément d'objet direct, un complément circonstanciel ou un datif éthique : ce doit être ce que l'on appelle l'embarras du choix !

    On m'objectera à grands cris que ces considérations datent d'un autre âge, que cela fait belle lurette que le verbe écrier ne s'écrit plus qu'avec le pronom personnel, que l'usage et les grammairiens ont désormais choisi leur camp. Ainsi Gustave Guillaume affirme-t-il de façon péremptoire qu'« il est impossible de donner à s’écrier un objet direct d’aucune espèce » (Leçon de linguistique du 21 mars 1946) ; selon Marc Hug, s'écrier, contrairement à crier ou à dire (5), « n'admet pas de complément tel que cela, quelque chose ou Déterminant + Nom. Il tend, en français actuel, à se spécialiser dans le rôle d’introducteur de paroles rapportées, généralement en style direct » (Structures du syntagme nominal français, 1989) ; « dans le cas de s'écrier : "P" (ou s'écrier que P), confirme Pierre Le Goffic, le véritable complément direct est le réflexif [se], comme en témoigne l'accord (Elle s'est écriée que P). La complétive, d'apparence directe, [est] non pronominalisable et sans commutation avec un groupe nominal » (Grammaire de la phrase française, 1994). De là la position du Bon Usage : « Quand s'écrier, se récrier, s'exclamer servent à présenter un discours rapporté, celui-ci ne joue pas le rôle d'un véritable objet direct − même le discours indirect lié n'est pas senti comme un véritable objet direct (on pourrait parler de pseudo-objets-directs) −, et le participe passé de ces verbes s'accorde avec le sujet : Mme Verdurin s'était écriée : "Je vous crois un peu qu'elle est belle ! (Proust). Certains se sont écriés que c'était un scandale (Dictionnaire contemporain). Tu t'ennuierais ! s'est exclamée la tante (Hervé Bazin). » « Des pseudo-objets-directs ? » m'écrié-je à mon tour. Il ne manquait plus que ça... À la vérité, on s'étonne surtout qu'un Grevisse, d'ordinaire si prompt à répertorier les diversités de notre langue, ait ignoré de la sorte et la construction directe avec un nom de chose − toujours vivante contrairement à celle avec un nom de personne −, et les cas de commutation avec un pronom (exceptionnels, il est vrai) ou avec un infinitif (plus fréquents), et les exemples − au demeurant pas si rares − de l'invariabilité que Damourette et Pichon appelaient de leurs vœux dans les contextes de discours rapporté (6). Jugez-en plutôt :

    (s'écrier + nom ou pronom COD) « Voyons ce qu'elle s'écria » (Arthur de Gobineau, 1847), « [Il] allait s'écrier [...] le sacramental : Disparaissez ! » (Villiers de L'Isle-Adam, 1888), « Comme l'auteur se l'est écrié [...] : "Retournons aux ruines" » (La Jeune Belgique, 1896), « Et le stathouder de s'écrier cette phrase [...] » (Richard O'Monroy, 1898), « Mais il ne s'écria rien du tout » (Henry Desnar, 1900), « Savez-vous ce qu'il s'écria ? » (Henri Joly, 1902), « Elle sera sourde, disait l'une, aveugle, opinait l'autre, et toutes de s'écrier ceci, qui paraît véritablement exorbitant : Elle sera muette » (Journal officiel de la Société des Nations, 1925), « Puis il s'écria quelque chose de tout à fait extraordinaire » (Pierre Frondaie, 1934), « Il s'écriait ces mots qu'on vient de répéter » (René Spaeth, président de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts d'Alsace, 1970), « Si un homme [...] s'écrie quelque chose comme : "Ce n'est vraiment pas juste" » (Yves Lelong, 1987) (7) ;

    (s'écrier + infinitif COD) « Boutard s'est écrié avoir été blessé par Jaubertière » (Denis Talon, XVIIe siècle), « [Elle] s'écria avoir vu une âme entre deux tonneaux » (Saint-Edme, 1824), « Il s'est écrié avoir hâte d'informer le ministre » (MM. Defranoux et Lervat, 1864), « Si, en voyant passer un païen, on s'écrie avoir entendu exprimer par ce païen [...] » (Moïse Schwab, 1871), « Elle s'écrie avoir la pépie au bout des doigts » (Jean Lorrain, 1896), « [Elle] s'écrie avoir vu le livre » (Camille Flammarion, 1907), « Il s'écrie avoir exécuté ses compositions épiques » (Charles Dédéyan, 1946), « [Il] s'écrie avoir rencontré "de faux curés" » (Jacques Prévotat, 1998), « Mon ami s'était écrié avoir été menotté » (Frédéric-William Girma, 2017), « Après que le jeune garçon s’est écrié avoir découvert une grotte préhistorique » (Français - Livret de l'enseignant) ;

    (invariabilité du participe passé) « Les uns se sont écrié : quelle folie ! » (Mirabeau, 1777), « Elle s'est écrié : "J'aime mieux mourir [...] » (Henriette Campan, 1803), « Nos camarades se sont écrié(s) : "Vous l'entendez !" » (Eugène Scribe, selon les éditions), « Elle s'est écrié(e) en sanglotant : "Hélas !" » (Eugène Sue, selon les éditions), « Quelle douceur ! se fussent écrié Bélise et Philaminte » (Gaspard de Cherville, 1889), « Les officiers [...] s'étaient écrié que tout était fini » (Pierre de La Gorce, 1904), « Les Anglais se sont écrié : "We shall have them !" » (Émile Hinzelin, 1916), « "Nous régnons trop jeunes", s'étaient-ils écrié tous deux » (Henri-Robert, 1928), « Comment, s'étaient-elles écrié dans un émoi spontané, vous partez ? » (Henry Bordeaux, 1937), « Elle s'était écrié : "Et si nous avions un enfant ?" » (Célia Bertin, 1949), « "Courage ! [...]" s'étaient écrié Fama et le griot Diamourou » (Ahmadou Kourouma, 1968), « Des ouvriers se sont écrié : On demande [...] » (Pierre Pascal, 1977), « Elle s'était écrié : "C'est absolument impossible !" » (Françoise d'Eaubonne, 1994), « Là, s'est-elle écrié » (Madeleine Chapsal, 1999), « Les voleurs s'étaient écrié : "Taisez-vous !" » (Sophie Valle, Dictées La Compil' : cahier d'entraînement à l'orthographe, 2015) (8).

    Et que penser encore de cette consigne trouvée dans Tout le français - Concours orthophoniste (2014) de Benoît Priet : « Certains pronominaux subjectifs [dont le pronom conjoint n'est pas analysable] peuvent avoir des COD et donc suivre la règle d'accord [générale] : s'écrier, se récrier, s'exclamer. Ex. : Sa sœur s'est exclamée : "Qui prendra ma défense ?" / Sa sœur s'est exclamé que personne ne prendrait sa défense. Explication : Dans le premier exemple, la question au discours direct est séparée du début de la phrase par une ponctuation, elle n'est pas COD du verbe s'exclamer et on accorde donc avec le sujet sœur ; dans le second exemple, que personne ne prendrait sa défense est COD postposé de s'exclamer, donc on n'accorde pas » (9) ? Tout bien compté, nous voilà avec trois analyses différentes (la première étant de loin la plus courante) :

    • Elle s'est écriée : "La vie est belle !" / Elle s'est écriée que la vie était belle (accord systématique avec le sujet, selon la plupart des spécialistes),
    • Elle s'est écrié : "La vie est belle !" / Elle s'est écrié que la vie était belle (invariabilité, selon Damourette et Pichon),
    • Elle s'est écriée : "La vie est belle !" / Elle s'est écrié que la vie était belle (accord avec le sujet dans le discours direct, invariabilité dans le discours indirect lié, selon Benoît Priet).


    Allez réconcilier les Français avec l'accord du participe passé des verbes pronominaux, après ça !
     

    (1) On trouve toutefois : « Il s'escria en soi-mesme, Ô Seigneur Dieu [...] » (Jean Crespin, 1619), « Et s'écrier à soi-même avec une profonde admiration : Ô humilité sans pareille ! » (Formulaire de prières à l'usage des pensionnaires des religieuses ursulines, 1807).

    (2) « Et se escria a ses freres » (L'Histoire du preux Meuruin, 1540) ; « S'escrier à tout le monde que [...] » (Martin du Bellay, 1541) ; « Ô Seigneur, à toy je m'escrie » (Théodore de Bèze, 1562) ; « Il s'escria à ceux qui estoient à l'entour de luy » (Jacques Amyot, 1567) ; « Si je m'escrie à vous » (Guillaume du Vair, 1591) ; « Elle s'escria à eux : Señores [...] », « Monsieur de Bussy s'escria à Monsieur Strozze » (Brantôme, avant 1614), « Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put » (La Fontaine, 1668).

    (3) « [Il] a sa voiz escriée : "Baron François [...]" » (Guillaume d'Orange, XIIe siècle), « Molt hautement [il] a sa voiz escriée : "Que fetes ci [...] ?" » (La Mort Aymeri de Narbonne, XIIIe siècle).

    (4) Dans son Essai de grammaire générale (1837), Pierre-Joseph Proudhon parle quant à lui de « verbe de spontanéité », qui « exprime un sentiment spontané », dont l'action se réalise indépendamment de la volonté. Crier aurait ainsi pour correspondant de spontanéité s'écrier, sans qu'il soit possible « en bonne logique de regarder le pronom comme régi par le verbe ».

    (5) Grevisse précise que les verbes transitifs crier, dire, déclarer, demander, penser, préciser, répliquer, rétorquer, etc. « ont leur besoin d'objet direct satisfait par la présence, soit du discours indirect lié qui est un véritable objet direct, soit du discours direct qui est un équivalent non syntaxique, parataxique de cet objet ».

    (6) « Il serait à souhaiter que la grammaire normative adoptât la graphie "Louise s'est écrié", "Louise et Charles se sont écrié", [...] historiquement attendue et normativement recommandable. »

    (7) Et aussi : « Il s'écria ces mots : Il est avantageux [...] » (Hippolyte Caplain, « instituteur, auteur de plusieurs ouvrages classiques », 1837), « Il s'écria des paroles entrecoupées de sanglots » (A.-B. Ozun, « professeur de français, latin, belles-lettres », 1849), « Un cardinal s'écria ces paroles connues : "Le voilà !" » (Antoine Madrolle, 1851), « On sait ce qu'il s'écria en montant sur l'échafaud » (Charles de Larivière, 1902), « Pierné s'écrie... Je ne peux pas dire ce qu'il s'écrie, Messieurs » (Henri Bréal, 1914), « C'est alors que je m'écriai ce que vous savez » (Pierre Héricourt, 1925), « Il se vexa et s'écria ce qui suit : "Toujours ce Wirsich !" » (Walter Weideli, 1970), « Il ne s'écria rien de semblable » (Gil Lacq, 1994).

    (8) Et aussi : « Elle s'est écrié ensuite que [...] » (Pierre-François Guyot Desfontaines, 1735), « Elle s'est écrié : ah, cela me pénetre ! » (Marie-Jeanne Riccoboni, 1773), « "Où sont-ils ? s'étaient écrié tous les Francs » (François Vernes, 1790), « Il le sera par moi, s'est-elle écrié d'un ton terrible » (Pigault-Lebrun, 1815), « Elles se sont écrié éplorées : "Ô sort ! [...]" » (Alfio Grassi, 1825), « Elles s'étaient écrié : "Si le mal continue [...]" » (Charles Gueullette, 1862), « Pour un peu, elle se fût écrié : "Je peux jurer que [...] » (Jules Lermina, 1885), « Elle s'est écrié : "Dites à [...]" » (Émile Richebourg, 1886), « Ils se sont écrié avec l'accent d'une douce confiance : O pia » (Charles-Benjamin Poisson, 1890), « Quelques forcenés [...] s'étaient écrié : "Pas de Dieu !" » (Gustave Dupont-Ferrier, 1922), « Fureur des chefs [...] qui se seraient écrié : "Ces monstres [...]" » (Émile Gabory, 1933), « Ils se sont récrié que cela n'avait rien à voir » (Georges Dovime, 1935), « Elles s'étaient écrié en chœur : "Détruisons la famille" » (Le Sexisme ordinaire, collectif, 1979), « Hutin et Doisnel se sont récrié en même temps : "Croyez bien que [...] » (Pierre-Jean Remy, 1985).

    (9) On lit de même dans La Structure des phrases simples en français (Jean-Paul Boons, Alain Guillet, Christian Leclère) : « Verbes dénotant un acte de parole (s'écrier, se récrier, s'esclaffer, s'exclamer, se lamenter) ; ils acceptent tous un objet direct Que P. »

    Remarque 1 : La confusion est telle que des ouvrages, qui paraissent dignes de confiance, en viennent à préconiser de remplacer, dans le passage du discours direct au discours indirect, s'écrier par dire, demander, répondre... « afin de respecter la construction syntaxique (le verbe s'écrier, pronominal, n'accepte pas de COD) » (Objectif concours de recrutement des professeurs des écoles - Annales français, 2018). L'Académie, qui ne voit rien à redire à « Je m'écriai que c'était injuste » (neuvième édition de son Dictionnaire), appréciera...

    Remarque 2 : Selon Jean-Paul Jauneau, « la proposition subordonnée interrogative est une proposition complétive lorsqu'elle est construite indirectement, c'est-à-dire lorsqu'elle complète un verbe déclaratif annonçant une question, comme crier, dire, demander (se), [...], s'écrier, etc. » L'auteur de N'écris pas comme tu chattes (2011) avait-il à l'esprit cette phrase de Pierre Danet : « Il s'écria pourquoy ils venoient à luy » (Magnum Dictionarium latinum et gallicum, 1691) ? On eût apprécié un exemple... récent.

    Remarque 3 : On notera que le verbe s'écrier double le i aux deux premières personnes du pluriel de l'imparfait de l'indicatif et du présent du subjonctif : (que) nous nous écriions, (que) vous vous écriiez.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Elle se serait écriée (selon la plupart des spécialistes).

     

    « Perte d'équilibreSur le pouce »

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