« DSK finit par enfoncer d'autorité son pénis entre les lèvres luxuriantes de la femme de chambre. »

(Chaos brûlant, Stéphane Zagdanski, éditions du Seuil, 2012)

Ce que j'en pense

Loin de moi l'idée d'imposer aux lecteurs de ce blog les détails scabreux d'une affaire qui n'a que trop fait couler... d'encre. Vous vous en doutez, mon propos est d'ordre syntaxique.

J'avoue avoir eu un instant d'hésitation après la lecture de cette entrée en matière – « un amuse-bouche », diront les mauvaises langues. Après tout, que signifie exactement l'adjectif luxuriantes dans celle (de bouche, s'entend) de l'auteur : « pulpeuses », comme on le dit des lèvres des Africaines ou d'Angelina Jolie, ou bien « éminemment sensuelles » (comme on le dit tout autant des mêmes) ?

Il faut bien reconnaître que le doute est permis, tant la confusion est fréquente entre l'adjectif luxuriant, qui signifie au figuré « qui déborde de richesse, de vigueur », et son paronyme luxurieux, « qui incite à la luxure ».

En l'espèce, je ne parviens pas à croire à l'hypothèse de luxuriant sciemment employé comme synonyme de « pulpeux, charnu », qui supposerait une extension de sens que même les dictionnaires les plus accommodants n'envisagent pas. On parlera correctement d'une végétation luxuriante, d'une chevelure luxuriante et de toute autre chose pouvant foisonner, mais pas de lèvres luxuriantes. Je m'offre le luxe de citer Maupassant en guise de témoignage : « Oui, elle me prit sur elle, et sa bouche – s'attacha à la mienne comme l'âme s'attache au corps, – et, riante, fit ses lèvres luxurieuses ».

Il n'y a pas à dire : GDM (Guy de Maupassant), ça vous a tout de suite une autre tenue que DSK !

Voir également le billet Luxuriant / Luxurieux.

Ce qu'il conviendrait de dire

Les lèvres luxurieuses de la femme de chambre.