• Une syntaxe au poil ?

    « J'aime mieux vous faire des câlins que le ménage » (propos d'un maître à ses chiens).
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    FlècheCe que j'en pense


    Le sens du message n'aura échappé à personne : un bon maître préfère faire des câlins à ses chiens plutôt que de passer son temps à ramasser leurs poils. Il n'empêche, la phrase ainsi formulée contrevient aux règles de la syntaxe. En effet, pour pouvoir faire l'économie du second infinitif (dit corrélatif) dans une comparaison introduite par la locution aimer mieux, il faut qu'il soit identique au premier (cela va de soi !) et qu'il garde la même construction : J'aime mieux faire la vaisselle que faire le ménage peut ainsi être raccourci en J'aime mieux faire la vaisselle que le ménage. Selon le même principe qui veut que l'on ne répète pas d'ordinaire ce qui a déjà été exprimé, on pourra dire : J'aime mieux vous faire des câlins que (vous faire) des réprimandes, mais pas : J'aime mieux vous faire des câlins que (vous faire) le ménage. Vous l'aurez compris, dans notre affaire c'est le complément d'objet indirect vous qui coince, faute de pouvoir être mis en commun avec l'infinitif faire : si l'on fait des câlins à un chien, on ne saurait faire le ménage à un chien ! Il convient donc de tourner la phrase autrement : J'aime mieux vous faire des câlins que (de) faire le ménage (= j'aime vous faire des câlins mieux que je n'aime faire le ménage). Avouez que ça le fait nettement mieux, nom d'un chien !

    Remarque 1 : Quand aimer mieux s'emploierait régulièrement sans préposition (J'aime mieux jouer), les spécialistes de la langue distinguent d'ordinaire aimer mieux... que + infinitif, qui indiquerait une préférence de goût, de aimer mieux... que de + infinitif, qui exprimerait une préférence de volonté : J'aime mieux danser que chanter, mais J'aime mieux lui pardonner que de le réduire au désespoir. Selon Thomas, ces distinctions sont toutefois peu observées dans l'usage, et « aimer mieux... que de est plus courant qu'aimer mieux... que ». On peut aussi employer plutôt que (de), n'en déplaise à Féraud qui, à la fin du XVIIIe siècle, criait aussitôt au pléonasme.

    Remarque 2 : Les mêmes observations valent pour il vaut mieux et préférer construits avec deux infinitifs.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    J'aime mieux vous faire des câlins que (de) faire le ménage.

     

    « Continu / ContinuelOu l'un ni l'autre »

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