• Retour de flamme

    « Merci, Olympiens ! »
    (vu sur Facebook, le 21 août 2016) 

     

     

     

    FlècheCe que j'en pense


    Et une médaille d'or, une ! Je veux parler de celle que les spécialistes de la langue ne manqueront pas de décerner à Facebook pour ce bel exemple de confusion paronymique. Car enfin, nom de Zeus, est-il encore besoin de rappeler qu'olympien est un adjectif qui signifie proprement « relatif à l'Olympe ; qui habite l'Olympe », à savoir le massif montagneux de Thessalie où les Anciens avaient placé le séjour des dieux ? On parle ainsi, dans la mythologie grecque, des dieux olympiens ou, substantivement, des Olympiens pour désigner les douze principales divinités : « Les dieux olympiens à la face sereine » (Victor Hugo), « Une béatitude que j'imagine devoir être celle des Olympiens assemblés » (Charles Du Bos). Rien à voir, vous l'aurez compris, avec l'adjectif olympique, qui s'emploie quant à lui au sens de « relatif à la ville d'Olympie », située dans le Péloponnèse cette fois, et aux jeux qui y étaient célébrés tous les quatre ans, dans l'Antiquité. Comparez : les divinités olympiennes mais les Jeux olympiques.

    La question que soulève, par ricochet, le message publié sur Facebook est la suivante : est-on davantage fondé à utiliser l'adjectif olympique comme substantif pour désigner un athlète qui a remporté une victoire audits Jeux ? Rien n'est moins sûr. Selon Littré, réputé pour son flegme olympien, c'est olympionique (ou olympionice, ajoute le TLFi) qui s'impose à propos d'un vainqueur aux jeux antiques : « Les olympioniques étaient couronnés d'olivier sauvage » (André Chénier), « Vive l'olympionice ! » (Ernest Renan). Pour ce qui est des jeux modernes, mieux vaut encore s'en tenir à champion olympique. Que voulez-vous, la prudence est d'or !

    Voir également le billet L'Olympe olympique.

    Remarque 1 : La confusion ne date pas d'hier : Ronsard n'évoque-t-il pas dans Le Second Livre des Amours (1556) les « jeux Olympiens », quand Jean Lemaire de Belges (vers 1505) parle d'« Hercules de Thebes, qui premier establist les ieux Olympiques, sur le mont Olympus en Macedone » ? De nos jours, elle est entretenue par quelques dictionnaires en ligne : « Olympien, nom commun. Athlète qui participe aux jeux Olympiques » (Wiktionnaire), « Olympien. Athlète olympique » (banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada).

    Remarque 2 : Olympien ayant pris au XIXe siècle la valeur figurée de « noble, majestueux et serein » (un air, un calme olympien), le mot s'est employé à propos d'artistes ou de penseurs qui manifestent mesure et sérénité : « Cet équilibre, les frères de Goncourt l'ont toujours haï ; de ce point de vue là, ils peuvent être considérés comme le type des artistes opposés à Goethe, à Victor Hugo, à tous les olympiens » (Paul Bourget).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Merci aux champions olympiques.

     

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