• La "phèvre" du jeudi soir

    « Thierry Mertens, orphèvre. »
    (vu sur France 2, le 16 février 2023.) 

     

     

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Aperçu dans l'émission Affaire conclue : la vie des objets, un « orphèvre » de curieuse facture.

    Pas de quoi pousser des cris d'orphraie − pardon, d'orfraie (ou, plus exactement, d'effraie) −, me direz-vous ; mais enfin j'en étais resté pour ma part à la graphie avec f, l'intéressé ayant été ciselé (vers 1210, selon le Dictionnaire historique) sur l'ancien français fèvre (« ouvrier, artisan travaillant le métal, forgeron »), lui-même issu du latin faber (« ouvrier, artisan »).

    Seulement voilà, plusieurs témoignages confirment l'existence d'une graphie phaber − fautive, savante ou hellénisante, selon les points de vue − en latin médiéval : « WOLVINUS MAGIS(TER) PHABER » (signature d'un artiste du IXe siècle, à Milan), « Other general terms used in inscriptions are actor/auctor, fabricator/factor, or faber/phaber » (A Companion to Medieval Art, 2006). De là, peut-être, la concurrence observée en moyen français entre les graphies avec f et celles avec ph.

    Toujours est-il que ces dernières sont attestées de longue date dans notre lexique, si l'on en croit Godefroy : « orphevre » (1349), « orphevre et orphavresse » (1374), « orphaire » (1499), « orphavre » (1511), « orphebvre » (1518), « orphaivre » (1521), « orpheuvre » (1556)... Au tournant du XVIIe siècle, Agrippa d'Aubigné alternait encore les formes orphevre, orfeuvre, aurfaivre. Les académiciens eux-mêmes laissèrent échapper un « aiguille d'orphevre » dans la première édition (1694) de leur Dictionnaire. Il n'empêche : depuis lors, seule la graphie orfèvre y a droit de cité.
    Et l'on sait à quel point les Immortels parlent d'or.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Orfèvre.

    « De l'abus de « abuser »La langue est une "branloire pérenne" »

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 19 Février 2023 à 09:52

     

    Plutôt qu’une réminiscence de français médiéval, je ressens comme une tendance à employer une orthographe savante, qu’elle soit correcte ou fautive. Hypercorrection probablement, snobisme peut-être, ou automatisme de joueur de Scrabble voulant « faire des points » ? De la même façon à mon avis, des mots d’allure savante sont employés à la place de mots plus simples, quitte à prendre des libertés avec le sens.

     

    Orphèvre pour orfèvre, mais aussi acronyme pour sigle, anachronisme pour paradoxe, achalandé pour approvisionné…

     

    Contre-exemple : le regrettable emploi de col (3 points) pour montée (7 points).

     

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      • Lundi 20 Février 2023 à 00:25

        Rectificatif : "col" vaut 5 points. frown

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