• Rester en tête

    « Reste les trois résistants du conseil général : Roland Foissac, Serge Entraygues et Jacques Pagès » (à propos du projet de barrage dans le Tarn).
    (Paul Laubacher, sur nouvelobs.com, le 30 octobre 2014)

     

    FlècheCe que j'en pense

    Reste, placé en tête de proposition, doit-il rester... invariable ? Inutile de noyer le poisson dans l'eau du barrage : l'usage est, une fois encore, flottant. Hanse note ainsi que le verbe s'accorde généralement avec le sujet qui suit, même s'il est permis de considérer qu'il s'agit d'une locution figée ou du tour impersonnel sans il et d'opter pour l'invariabilité. Girodet n'est pas en reste : selon lui, on écrira plus souvent Restaient quelques difficultés (soit le tour personnel quelques difficultés restaient, après inversion du sujet) que Restait quelques difficultés (soit le tour impersonnel il restait quelques difficultés, après ellipse de il).

    Mais voilà que mon Bescherelle vient rompre cette touchante harmonie en faisant entendre un clapotis différent : « Employé en tête de phrase, devant un pluriel, reste est aujourd'hui le plus souvent invariable : Reste quelques points à régler. » Et le Larousse en ligne de plonger à pieds joints dans son sillage : « Reste, en tête de proposition, est souvent traité aujourd'hui comme une forme abrégée de il reste, et ne s'accorde pas : reste plusieurs problèmes à résoudre. Cette façon d'écrire n'est pas fautive. » Est-elle recommandée pour autant ? Là est toute la question.

    Il n'en reste pas moins vrai, selon Grevisse, que le pluriel est « nettement plus fréquent » chez les écrivains : « Restaient cent-dix votants » (Louis Reybaud) ; « Restent les apparences » (Jules Renard) ; « Restaient les Mahométans et quelques autres » (Jules Romains) ; « Restaient les frères du sultan » (André Maurois) ; « Reste les sciences politiques » (Joseph Kessel) ; « Restaient à trouver un matin et une après-midi » (Julien Green) ; mais « Restait les contes de fées » (Flaubert) ; « Restait ces gens de Poitiers » (Jacques de Lacretelle) ; « Reste les acquisitions de l'homme » (Philippe Henriot) ; « [J'ai perdu mes amis] reste ceux qu'on n'ose pas déranger » (Elsa Triolet). Certains auteurs, tel Georges Duhamel, donnent même l'impression de se décider au fil de l'eau : « Restent les films composés par des spécialistes modernes » mais « Restait apparemment quelques points à éclaircir ». Mieux vaut encore en rester là, sous peine de boire la tasse.


    Remarque : On notera que reste est toujours invariable dans le langage mathématique : Quatre ôté de sept, (il) reste trois.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Restent (ou Reste) les trois résistants du conseil général.

     

    « Pour faire court...Accord à découvert »

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