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Prise de position
« Tamar Berouchachvili a été nommée mardi à la tête de la diplomatie de [la Géorgie]. Elle a été convaincue par le Premier ministre, Irakli Garibachvili, au prise avec la fronde de ses ex-alliés du parti des Démocrates libres qui ont annoncé la semaine dernière leur départ de la coalition. »
(paru sur boursorama.com, le 11 novembre 2014)
Ce que j'en pense
Avec un minimum de réflexion et de bon sens, notre journaliste aurait sans doute été en mesure d'éviter de donner prise à la critique. Car enfin, le substantif prise − ici pris au sens de « action, manière de saisir, de tenir » − étant du féminin, il ne saurait être précédé de l'article défini contracté au, réservé à l'emploi devant un nom masculin singulier commençant par une consonne ou un h aspiré : Il a payé sa trahison au prix fort.
Dans la première édition de son Dictionnaire (1694), l'Académie note que « prises, au pluriel, se dit aussi des querelles, des combats ». De là l'expression être aux prises avec, qui signifie proprement « combattre par les armes (en se jetant l'un sur l'autre et en se prenant au corps) ou s'affronter dans un jeu » (Les deux armées étaient aux prises) et, au figuré, « être confronté à, lutter contre » (Être aux prises avec la maladie, avec l'adversité). Prise prend également la marque du pluriel dans les variantes mettre aux prises, laisser aux prises et, surtout, en venir aux prises (« se saisir mutuellement, s'affronter physiquement » et, autrefois, par plaisanterie, « attaquer un bon dîner »), laquelle s'est vu concurrencer − mais est-il besoin de mettre le lecteur au courant ? − par la locution moderne en venir aux mains, au style moins... ampoulé.
Remarque : On a également dit, dans le même sens, en être aux prises : « Souvent nous en étions aux prises » (Molière).Ce qu'il conviendrait de dire
Être aux prises avec la fronde de ses ex-alliés.
Tags : être aux prises avec, être au prise avec, en venir aux prises, en venir au prise
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