« Pour se faire, il va faire appel à un as de l'aéronavale nommé Skipper » (à propos du film Planes).

(paru sur lefigaro.fr, le 23 octobre 2013) 

Ce que j'en pense

 
Pour se faire... quoi, me direz-vous ? Se faire mal, se faire peur, se faire vieux, se faire à l'idée, se faire des amis ? Reconnaissons que, ainsi tronquée, la phrase bat sérieusement de l'aile.

C'est que notre journaliste s'est emmêlé les trains d'atterrissage entre le pronom réfléchi se (= soi) et le démonstratif homophone ce (= cela) entrant dans la composition de deux tours de sens différents : pour ce faire, locution signifiant « pour faire cela, à cette fin », et pour se faire, syntagme généralement suivi d’un verbe à l’infinitif, parfois d’un nom (introduit ou non par une préposition).

À la réflexion, il n'y a guère que d'un fromage que l'on peut dire qu'il a besoin de temps pour se faire puisque, en l'absence de toute compagnie, le verbe pronominal se faire n'a plus le sens ordinaire de « devenir » mais celui de « arriver à maturité ». On veillera également à bien distinguer les constructions jumelles : Ce faisant (= en faisant cela), ils se sont mis à dos les passagers et Elle est entrée dans l'avion en se faisant passer pour une hôtesse de l'air.

Pour autant, les mauvaises langues feront sans doute valoir que, quand ne planerait plus la moindre ambiguïté sur l'emploi desdites tournures, la prose de notre journaliste ne serait pas... de plus haute volée.

Remarque : Le démonstratif ce s'emploie dans quelques autres expressions figées : et ce (= et cela), sur ce (= sur ces mots, en achevant de prononcer ces mots), ce néanmoins (= malgré cela), etc.

Ce qu'il conviendrait de dire

Pour ce faire, il va faire appel à un as de l'aéronavale (ou il va demander l'aide d'un as de l'aéronavale, afin d'éviter la répétition du verbe faire).