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Oui, met(s)...
« Le caviar, un met délicat provenant d’esturgeons de la mer Caspienne? »
(dépêche AFP servilement reprise sur liberation.fr, le 29 novembre 2013)(photo Wikipédia sous licence GFDL par Caviar_spoons.jpg)
Ce que j'en pense
La délicatesse du caviar, quelle qu'en soit la provenance, ne saurait faire oublier la rudesse avec laquelle notre journaliste malmène l'orthographe : si... casse-pieds que cela puisse paraître, le substantif mets se sert avec un s, au singulier comme au pluriel (à l'instar de fonds, legs, puits, relais, remords, etc.). C'est que, en l'espèce, ladite consonne finale est étymologique : emprunté du latin missum, « chose envoyée » (de missus, participe passé de mittere, « envoyer ») puis « aliment servi à table », mets s'est d'abord écrit mes − à l'origine de l'anglais mess, qui nous est revenu par l'entremise des officiers – avant de prendre sa forme actuelle avec un t intercalaire sous l'influence de mettre : « On lui servit en même temps deux jeunes ramiers qui, nourris de baies de genévrier par leur mère, étaient un mets digne de la table d'un roi » (Chateaubriand).Débarrassé de son s, met correspond, au choix, à la forme conjuguée du verbe mettre (Il met la table), au réseau de transport de l'agglomération messine (Le Met'), voire à l'abréviation du Metropolitan Museum of Art de New York (Le Met)... mais pas à un aliment, fût-il délicat.
De là à caviarder l'article de l'AFP, il y a un « mais » dont il m'est délicat de faire tout un plat.
Ce qu'il conviendrait de dire
Un mets délicat.
Tags : un mets, un met, homophonie
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