• Occasion / Opportunité

    Opportunité désigne le caractère de ce qui vient à propos, de ce qui est opportun. Ce substantif féminin ne devrait donc, dans l'absolu, jamais être employé au pluriel.

    L'opportunité d'une démarche, d'une décision, d'un propos (= sa pertinence).

    Il réfléchit à l'opportunité d'une reconversion professionnelle.

    Avoir le sens de l'opportunité (= ne pas hésiter sur la conduite à tenir, en toute situation).

    Si ce sens « abstrait » est aujourd'hui la seule acception reconnue par l'Académie, tel ne fut pas toujours le cas. Ainsi peut-on lire à l'entrée « opportunité » de la première édition de son Dictionnaire (1694) : « Occasion propre, favorable. Il a trouvé l'opportunité. » Cet emploi au sens concret de « circonstance opportune, occasion favorable » (également attesté chez Littré) figurait encore dans la huitième édition (1935) : « Caractère de ce qui est opportun. L'opportunité d'une décision, d'une démarche. Absolument, Profiter de l'opportunité », avant de laisser place à une virulente mise en garde :  « C'est à tort que ce terme est substitué à Occasion dans tous ses emplois. Ainsi, on ne dira pas Je me réjouis d'avoir l'opportunité de vous rencontrer, mais Je me réjouis d'avoir l'occasion de vous rencontrer » (neuvième édition, en cours).

    Pourquoi un tel revirement ? Parce qu'il serait de bon ton, aujourd'hui, de classer opportunité parmi les anglicismes à éviter ? On est fondé à s'interroger sur... l'opportunité de recourir à nos voisins d'outre-Manche pour évoquer une acception attestée chez nous depuis plus de trois siècles ! Le diable se cachant dans les détails, il semble plutôt que l'explication soit à chercher du côté de la mention « absolument ». Littré ne s'y est pas trompé : « Absolument. Occasion favorable. Saisir l'opportunité. Il s'est prévalu de l'opportunité. » Ainsi serait-il correct de saisir l'opportunité, mais pas de saisir l'opportunité de parler à quelqu'un. Les finesses du français sont assurément infinies... avec ou sans complément.

    Vous l'aurez compris : le commun des mortels n'a que faire de pareilles subtilités. Bien que critiqué dans la plupart des ouvrages de référence (dont Hanse, que l'on a connu plus libéral), l'usage élargi de opportunité (par une sorte de retour aux sources au contact de l'anglais opportunity, « affaire, aubaine à saisir ») semble voué à perdurer, faute de synonyme satisfaisant suggérant la même idée de chance. Pour éviter tout reproche, on pourra toutefois continuer de privilégier, dans la langue soignée, occasion (voire possibilité), quand le contexte est neutre, et chance, aubaine, perspective ou belle occasion, quand le contexte est positif. Quant à ceux qui tiennent à réhabiliter opportunité dans son acception originelle, ils gagneront à réserver ce terme aux situations réellement favorables.

    Je me réjouis d'avoir l'occasion (ou la chance) de vous rencontrer (de préférence à d'avoir l'opportunité de vous rencontrer) mais J'ai eu l'occasion de lui parler (sans plus de précision).

    Des aubaines à saisir dans le rayon de la décoration (de préférence à Des opportunités à saisir).

    Il saisit l'occasion qui s'offre à lui. Manquer une occasion.

    Profiter de l'occasion pour féliciter quelqu'un.

    Séparateur de texte


    Remarque 1
    : On se méfiera de l'ambiguïté dont sont désormais porteuses des phrases telles que « Il étudie l'opportunité de sa candidature » : parle-t-on de la possibilité de sa candidature ou de sa pertinence ?

    Remarque 2 : Quand il est question d'emploi, opportunité (alors souvent au pluriel) désigne une perspective (de carrière, d'avenir). Cette acception n'est pas répertoriée par l'Académie.

    Opportunité

    Des perspectives de carrière, ce serait mieux !

     

    « Pour ne pas queÉlision avec les composés de "que" »

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  • Commentaires

    1
    Zunak
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 22:34

    Comment une occasion peut elle être favorable une seconde fois, vu qu'une occasion c'est déjà une circonstance favorable ? Ce qui prouve que le mot "opportunité" n'apporte rien par rapport à "occasion".

     

    2
    Marc81 Profil de Marc81
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 23:39

    Ce n'est pas faux...
    Occasio
    n vient du latin cadere, et indique ce qui échoit, sens proche de celui de conjoncture, de circonstance, donc. Comme l'explique Littré, c'est l'usage qui a ensuite attaché à occasion l'idée de circonstance favorable. D'où le caractère pléonastique que vous relevez fort à propos. Mais il faut croire que le sens positif d'occasion s'est émoussé avec le temps et n'est plus suffisamment perçu par nos contemporains, qui éprouvent le besoin de recourir (à tort ou à raison) à un terme moins "neutre".

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