• Les temps sont durs

    « Mais voilà que le président de l’Assemblée, dans un livre à paraître le 8 octobre (Je ne me tairais plus. Plaidoyer pour un socialisme populaire, Flammarion), préconise la suppression de cette fonction » (celle de Premier ministre).
    (Jonathan Bouchet-Petersen, sur liberation.fr, le 30 septembre 2014)

     

     

     

    FlècheCe que j'en pense

    Il est des jours où l'on se verrait bien cent pieds sous... taire : notre journaliste, dans sa précipitation, ne vient-il pas de confondre futur simple et conditionnel présent ? La méprise, me direz-vous, est d'autant plus fréquente que leurs désinences à la première personne du singulier sont aussi proches à l'écrit qu'elles sont mal différenciées à l'oral : l'usage contemporain semble en effet privilégier un phonème intermédiaire entre le é traditionnellement fermé du futur (finale -ai de je me tairai) et le è traditionnellement ouvert du conditionnel (finale -ais de je me tairais) (1). Aussi bien, de bons auteurs se sont laissé abuser par cette quasi-homophonie : « J'apprendrai qu'il a assassiné quelqu'un que je cacherais le cadavre dans ma chambre » (Proust) ; « Tous les tabous, toutes les précautions, je serai tenté de dire toutes les "astuces", n'empêcheront jamais  la langue de changer » (Martinet) ; « Oserais-je bien vous faire remarquer que... » (Gide).

    Il suffirait pourtant de transposer le verbe à une autre personne (la première du pluriel, par exemple) pour retrouver la voix, pardon, la voie de la raison : dirions-nous, dans notre affaire, Nous ne nous tairons plus ou Nous ne nous tairions plus ? Parfois, les deux temps sont possibles, selon les nuances de sens recherchées. Comparez : Je vous serai reconnaissant de me répondre (qui, sous des airs polis, exprime une demande ferme, un ordre) et Je vous serais obligé de me répondre (souhait qui suppose le consentement de l'interlocuteur).

    En attendant, la coquille se répand de site en site, du Journal du dimanche au portail Orange. Voilà qui ne devrait pas faire taire les mauvaises langues de sitôt.

    (1) Ainsi, chez Musset, mourrai rime avec éploré, quand serais rime avec forêts.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Je ne me tairai plus.

     

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