• Futur ou conditionnel ?

    Festival cacophonique« "Je voudrais dire à François Fillon que j’ai plaisir à me retrouver ici avec lui... Que pour moi, ceux qui ont travaillé avec moi pendant cinq ans, je leur serais toujours reconnaissant de leur travail... » (propos attribués à Nicolas Sarkozy, lors de la réunion du bureau politique de l'UMP).

    (Mathias Destal, sur marianne.net, le 9 juillet 2013) 

     

     FlècheCe que j'en pense

     
    Il faut dire que l'affaire était mal engagée : dans une première mouture, notre journaliste avait d'abord fait déclarer à Nicolas Sarkozy : je leur serait toujours reconnaissant, avant de se persuader d'être à l'abri de tout reproche en substituant un s au t final de la forme verbale.

    Las ! voilà que le malheureux, dans sa précipitation, tombe de Charybde en Scylla, en confondant futur et conditionnel. Reconnaissons que leurs désinences à la première personne du singulier sont aussi proches à l'écrit qu'elles sont mal différenciées à l'oral : je serai (futur de l'indicatif, théoriquement prononcé é) / je serais (présent du conditionnel, théoriquement prononcé è). Dans la pratique, il suffit généralement de transposer la phrase à une autre personne (la première du pluriel, par exemple) pour éviter toute confusion : nous leur serons (et non serions) toujours reconnaissants → futur (et non conditionnel) → je leur serai (et non serais) toujours reconnaissant. N'est-il pas ici question, en effet, d'exprimer la réalité d'une gratitude dans le temps (mode indicatif) plutôt que de souligner son caractère éventuel, hypothétique (mode conditionnel) ? Comparez : Il m'a aidé et je lui en serai toujours reconnaissant et S'il m'aidait, je lui en serais reconnaissant.

    À l'inverse, l'hommage rendu à l'ex-Premier ministre est correctement introduit par un conditionnel, dit d'atténuation, que l'on substitue d'ordinaire à un indicatif présent pour exprimer un souhait, une volonté atténuée, un conseil : nous voudrions dire à François Fillon que...je voudrais (pour je veux, je souhaite) dire à François Fillon que...

    Sarkozy aurait fait vivre un calvaire à Fillon ? Ce n'est rien en regard de celui que semble avoir enduré notre journaliste pour retranscrire son discours. Les temps sont durs, à l'UMP.


    Remarque : Voir également ce billet.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Je leur serai toujours reconnaissant.

     

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