• Entre les mailles d'affilé(e)

    « Après trois défaites d’affilé en finale de Grand Chelem, Djoko a su se remobiliser pour l’emporter, en cinq sets malgré la combativité et la qualité de jeu pratiquée par Federer » (à propos de la victoire de Novak Djokovic, photo ci-contre, au tournoi de Wimbledon).
    (Lionel Maltese, sur lefigaro.fr, le 7 juillet 2014)

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Yann Caradec)

     

    FlècheCe que j'en pense

    L'expression est récente. Elle serait apparue en 1853 sous la plume d'Alphonse Toussenel : « L'alouette chante une heure d'affilée sans s'interrompre d'une demi-seconde » (c'est à tort que ladite phrase est le plus souvent attribuée à Michelet, lequel s'est en fait contenté de la citer quelques années plus tard dans son livre L'Oiseau).

    Il s'agit d'une locution adverbiale − donc invariable − formée sur le modèle de d'emblée (attestée, quant à elle, dès le XVe siècle), à partir de la préposition de et du participe passé féminin substantivé de l'ancien verbe affiler (« planter en ligne, aligner »), dérivé de file, pour signifier « à la suite, sans interruption » : Travailler cinq heures d'affilée. Il a passé plusieurs examens d'affilée.

    En l'espèce, la forme féminine est d'autant moins contestable que l'Académie mentionnait encore, dans la huitième édition (1932) de son Dictionnaire, la variante d'une affilée : « Il a fait sa besogne d'affilée, ou encore d'une affilée. » Mais il faut croire que notre journaliste n'est pas le seul à filer un mauvais coton. Ne voit-on pas défiler sur la Toile des « d'affilés » cousus de fil blanc ? À y regarder de plus près, on en vient même à se demander si, contrairement à ce qu'avancent la plupart des ouvrages de référence, notre substantif ne serait pas davantage... affilié à la famille de fil qu'à celle de file : après tout, lit-on dans une publication du Journal des Savants (1890), « ce qui est essentiel dans d'affilée, ce n'est pas l'idée de suite, c'est l'idée de non-interruption, presque de simultanéité ; la métaphore me paraît empruntée aux couturières, qui, travaillant rapidement, bâtissent tout un patron avec une seule aiguillée de fil. » Gageons que Djokovic lui-même hésiterait à balayer l'argument d'un revers de raquette.


    Remarque : Le tour de file se serait dit improprement dans certaines de nos régions pour « à la file, à la suite ».

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Après trois défaites d’affilée...

     

    « Les fantômes de l'OpéraAu bon marché »

    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :