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Bâcler un tâcle
« Le chef du gouvernement a un peu la tête ailleurs, les yeux au plafond, pendant le speech pourtant décapant de la présidente de l’association de la presse ministérielle qui tâcle sans prendre de pincettes le "nouveau modèle français" dont Ayrault a fait son étendard pour 2013 » (à propos des vœux de Jean-Marc Ayrault, photo ci-contre, à la presse).
(Laure Bretton, sur liberation.fr, le 18 janvier 2013)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Flickr)
Ce que j'en pense
Si l'on en croit le Dictionnaire historique d'Alain Rey, le verbe tacler a fait irruption sur la pelouse française dans les années 1950, avec la violence d'un tir de ballon de football.Emprunté de l'anglais to tackle (« saisir, attraper »), il désigne dans le langage sportif le fait de s'emparer du ballon des pieds de son adversaire. Sorti des vestiaires, il roule au sens figuré sous plusieurs couleurs : « reprendre l'avantage sur quelqu'un » (Robert), « s'attaquer à un problème ou à un adversaire » (Wiktionnaire), « contredire avec agressivité », « prendre le contre-pied de » (pour rester dans la métaphore sportive), mais le plus souvent avec ce petit côté sournois, déloyal à l'origine de son succès dans le domaine politique.
Jean-Marc Ayrault n'était apparemment pas le seul à avoir « un peu la tête ailleurs », ce jour-là. Notre journaliste l'avait outre-Manche... lui qui, vraisemblablement par analogie avec le verbe bâcler, a cru opportun de coiffer le bâtard d'un accent circonflexe bien injustifié. Sans doute aurait-il mieux fait de le laisser sur le banc de touche et de lui préférer un de nos vieux verbes bien de chez nous : critiquer (voire moucher, dans un registre plus familier) aurait ici atteint au même but... et évité à son auteur un carton rouge (sans parler du recours à speech).
Ce qu'il conviendrait de dire
Le discours pourtant décapant de la présidente de l’association de la presse ministérielle qui tacle (ou critique, tout simplement) le "nouveau modèle français".
Tags : tacler, tâcler
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