• Conjugaison épinglée

    « La collection [La Pléiade], où les grands génies se vêtissent des meilleurs cuirs, a été fondée en 1931 par l’éditeur Jacques Schiffrin, et rachetée par Gallimard peu après. »
    (David Caviglioli, sur nouvelobs.com, le 13 septembre 2018)  

     

    FlècheCe que j'en pense

    À ce train-là, notre journaliste risque de se prendre une veste grammaticale. Car enfin, il n'aura échappé à personne − à commencer par la correspondante qui m'a signalé ce vêtissent de curieuse facture − que vêtir est un verbe du troisième groupe qui, partant, ne se conjugue pas comme finir : il (se) vêt, ils (se) vêtent, ils (se) vêtaient, (se) vêtant, et non pas il (se) vêtit [forme qui appartient au passé simple], ils (se) vêtissent, ils (se) vêtissaient, (se) vêtissant.

    Seulement voilà : ces variantes empruntées à la deuxième conjugaison se rencontrent depuis belle lurette sous des plumes que l'on ne saurait qualifier d'endimanchées. Jugez-en plutôt : « Quand vous vêtissez les pauvres, il [Jésus-Christ] est vêtu » (Bossuet, avant 1704), « [Des pauvres] qu'elle nourrissoit et vêtissoit tous » (Saint-Simon, 1707), « Dès qu'un homme s'en vêtissait » (Montesquieu, 1734), « Des étoffes dont ils se vêtissent » (Buffon, vers 1760), « Le cocotier qui ombrage, loge, vêtit, nourrit, abreuve » (Voltaire, 1772), « Ces haillons troués qui la vêtissent à demi » (Diderot, 1772), « De leurs molles toisons les brebis se vêtissent » (Jacques Delille, 1805), « [Elle] prenait sa robe et se la vêtissait » (Paul-Louis Courier, 1810), « Car les chevriers se vêtissent de peaux de bêtes » (Hugo, 1823), « Ma mère [...] vêtissait l'indigence ou nourrissait la faim » (Lamartine, 1830), « L'air est là, [...] vêtissant la terre » (Sainte-Beuve, 1834), « Ils se vêtissent de diverses couleurs » (George Sand, 1837), « [Les mauvais pasteurs] se vêtissent de leur laine [celle des brebis] » (Lamennais, 1846), « Les sauvages vivaient et se vêtissaient du produit de leurs chasses » (Chateaubriand, avant 1848), « Il faut qu'il se vêtisse » (Adolphe Thiers, 1848), « Mon habit n'est pas très beau, dit-il en se vêtissant » (Henry Murger, 1849), « Les personnages importants que vêtissaient ces robes » (Alexandre Dumas, 1851), « Aimons-la, nourrissons-la, vêtissons-la » (Hugo, 1864), « Les feuilles sèches vêtissaient la futaie d'admirables teintes fauves » (Paul Bourget, 1887), « Le drap grossier dont se vêtissait le populaire » (René Bazin, 1900), « Un vêtement de soleil vêtissait son âme » (Édouard Estaunié, 1908), « La vipère que je vêtis » (Paul Valéry, 1922), « En attendant qu'on me vêtisse » (Céline, 1936), « Mais le réveiller, qu'il se vêtisse ! » (Jean de La Varende, 1941). Que du beau linge, convenons-en !

    « Évidemment, observait non sans malice Abel Hermant en 1935, les fautes des grands n'excusent pas celles des petits ; mais il est toujours agréable de pouvoir resservir à Montesquieu ou à Voltaire [...] le vieux proverbe de la paille et de la poutre. » Sauf que tout porte à croire qu'il ne s'agissait pas là à proprement parler de fautes ! Figurez-vous qu'il était courant, dans l'ancienne langue, que les verbes en -ir d'origine latine hésitassent entre deux conjugaisons : l'une conforme à celle des verbes latins en -ire et l'autre qui s'en distinguait par l'introduction à certains temps de la syllabe -iss-, sur le modèle des verbes inchoatifs en -iscere (2). Vêtir (d'abord vestir, emprunté du latin vestire) ne fut touché par ce phénomène qu'assez tardivement ; rares en moyen français, les formes inchoatives dans la conjugaison dudit verbe devinrent plus fréquentes à partir du XVIe siècle, sans toutefois prendre le pas sur les graphies traditionnelles : « Mondes, tu vestis de samis [soie] Le cors » (Watriquet de Couvin, avant 1329), « Non pas que touzjours les vestisse » (Guillaume de Digulleville, milieu du XIVe siècle), « Il se vestissoit à la mode des Grecs » (Nicole Gilles, 1490), « Les vignes de Malthe ne vestissent tant de persones » (Rabelais, 1546), « Roland s'habille en diligence. Il vêtit son harnois » (Philippe Desportes, 1572), « La jument apte au char et frein Te hennit, de pourpre africain Les laines te vestissent » (Luc de La Porte, 1584), « Tous ceux qui boivent le laict et vestissent la laine des brebis » (Bernard Palissy, avant 1590), « La on ne reschauffe plus les refroidis, la on ne vestit plus les nudz » (François de Sales, 1594), « Je suis d'advis que maintenant, Monsieur, [...] Vous vestissiez chemise blanche » (Jean Godard, 1594), « Un noble et généreux cœur ne peut mentir ny faillir, en quelque lieu qu'il se treuve, ny quelque robbe qu'il vestisse » (Pierre de Bourdeille, avant 1614), « Puis de sa tendre peau faut que l'enfant vestisse Le meurtrier de son Père » (Agrippa d'Aubigné, 1616). En 1618, Charles Maupas donnait encore les deux conjugaisons dans sa Grammaire : « je vests ou vestis, j'ay vestu ou vesti, vestant ou vestissant », avant que Vaugelas (et l'Académie à sa suite) ne taillasse un costard façon Fillon aux formes en -iss- du composé revêtir : « Il faut dire revestant, revestons et non pas revestissant, revestissons. » (3) La famille de vêtir venait d'être habillée pour l'hiver... mais pas pour l'éternité. Ne lit-on pas à l'article « vêtir » de l'édition de 1820 du Nouveau Dictionnaire de Jean-Charles Laveaux : « Les pauvres gens se vêtissent de bure » et à celui de l'édition de 1823 du Dictionnaire de Pierre-Claude-Victor Boiste : « Un homme d'esprit appelait son corps, sa bête : il la vêtissait, la nourrissait, la promenait, la soignait avec attention » ? Et encore, à partir de 1870, dans le Grand Larousse du XIXe siècle : « Les quatre angles [...] vêtissent l'écu » (à l'article « écu »), « Ne se vêtissant que de haillons sordides » (à l'article « Mitford [John] »).

    C'est que, nous disent en substance les partisans de la conjugaison inchoative, celle-ci a sur sa rivale deux avantages considérables : la régularité et l'euphonie. Ainsi Sainte-Beuve, conscient de l'entorse faite à la règle, confessait-il à propos de l'exemple cité plus haut : « On en demande pardon [...] à la grammaire, mais l'expression nous a semblé commandée ; vêtant, qui passe pour exact, n'est pas possible. » Il est vrai qu'avec ses allures d'injonction à déguerpir (Va-t'en !) ledit participe présent peut heurter les âmes sensibles et les oreilles délicates... C'est encore au nom de l'euphonie que Gide prônait une certaine tolérance pour les formes calquées sur la deuxième conjugaison : « Vêtissait est assez difficile à défendre ; mais dans certains cas, il paraît tellement plus expressif et plus beau que vêtait, qu’on ne s’étonne pas qu’il ait été préféré par Lamartine [...] ; je ne le repousserai pas s’il vient naturellement sous ma plume (4) » (Incidences, 1924). Ce serait donc là affaire de goût. Les grammairiens eux-mêmes semblent partagés ; si la plupart crient au barbarisme (5), certains, à la fibre plus conciliante, se mettent à filer un mauvais coton : « Ce serait pousser le rigorisme au-delà de ses bornes, concède Léonard Casella dans son Traité complet de la lexigraphie des verbes français (1838), que de ne pas admettre, après d'aussi imposantes autorités, ces expressions bien plus agréables à l'oreille que celles si sourdes de vêt, vêtent, vêtant, seules admises jusqu'à ce jour par les grammairiens dans la [conjugaison] de ce verbe. Nous croyons cependant que dans les composés de ce verbe l'emploi du radical primitif vêt est préférable : il revêt, en revêtant. » (6) La bienveillance se mue en un enthousiasme aux accents révolutionnaires sous la plume du réformateur F. Dégardin : « Ne disons donc plus vêtant, je vêts, je vêtais, que je vête (ce qui est bien un peu baroque) ; mais vêtissant, je vêtis, je vêtissais, etc. Ne craignons pas de parler comme Voltaire, Buffon, Delille, Lamartine, etc. ; et déplorons la témérité des critiqueurs maladroits qui se sont permis de condamner ces immortels écrivains » (Les Homonymes et les homographes de la langue française, 1857). Jules Dessiaux se montre plus mesuré : « Si nous consultons l'Académie et les grammairiens qui ont parlé de la conjugaison du verbe vêtir, nous n'hésiterons pas à dire que vêtissait est un barbarisme, et qu'il fallait dire vêtait [...]. Mais, si nous ne consultions que les écrivains, nous serions tenté de croire que ce verbe a deux participes présents : vêtant et vêtissant. [...] Malgré les exemples [des écrivains], nous croyons que cette conjugaison n'est pas encore assez autorisée ; mais il faut avouer que ce n'est pas là un grossier barbarisme » (Journal de la langue française, 1839). Autorisée, la conjugaison inchoative de vêtir l'est assurément pour Gabriel-Henri Aubertin, qui la met à l'honneur dans sa Grammaire moderne des écrivains français (1861) en l'assortissant de cette remarque édifiante : « Vieil imparfait : Je vêtais. Aujourd'hui vêtissais ». Plus près de nous, Albert Dauzat observe, dans Phonétique et grammaire historiques de la langue française (1950), que, « si vêtis pour vêts est encore rare, vêtissons... vêtissent est devenu courant chez les écrivains, à part de rares puristes », lesquels s'obstinent, renchérit Charles Bruneau, « à imposer, après Vaugelas, je vêts, je vêtais, qui sont inusités » (Précis de grammaire historique de la langue française, 1956) ; quant à Grevisse, il endosse, comme souvent, la livrée du Suisse de service : « Je n'irai pas jusqu'à recommander [...] de prendre à sa guise vêtir comme verbe inchoatif. Mais je ne condamnerai pas non plus ceux qui, à l'occasion, se plairaient à le faire » (Problèmes de langage, 1970). D'autres enfin parlent de licence poétique (Henri Rochefort, Moritz Regula) ou, à l'inverse, de déformation populaire façon Zazie dans le métro : « − Eh bien vêtez-vous. – Vêtissez-vous, ma toute belle. On dit : vêtissez-vous » (Raymond Queneau, 1959).

    De tous ces arguments l'académicien Roger Peyrefitte se moquait comme de sa première chemise : « Si Voltaire, Diderot et Hugo ont écrit "vêtissent" ou "vêtissait" pour "vêtait" et "vêtent", il serait absurde de s'en autoriser », lit-on dans son roman L'Illustre Écrivain (1982). Autrement dit, les caprices de nos auteurs, fussent-ils taillés dans la plus belle étoffe, ne suffisent pas à autoriser des formes contraires à l'usage général. Mais de quel usage parle-t-on ? De celui qui a maintenu à vêtir, dévêtir, revêtir les formes anciennes sans -iss-, mais qui, retournant sa veste, conjugue les composés savants investir, travestir sur le modèle de finir ? (7)(8) Allez comprendre... En attendant, le commun des vêtus s'en tiendra prudemment à la conjugaison traditionnelle de ce traître de vêtir plutôt que de risquer de s'attirer les foudres des sages en habits verts.
    Mon petit doigt me dit que le concurrent habiller, aux formes conjuguées moins mal fagotées, a de beaux jours devant lui...

    (1) Et aussi : « Ils achètent les habits des pestiférés, s'en vêtissent » (Montesquieu, 1748), « Toutes ces peuplades [...] se vêtissent de peaux de bêtes » (Voltaire, 1756), « La fausse pudeur qui autrefois vêtissait les femmes » (Pierre-Louis Roederer, 1799), « Les sillons [...] se dépouillent et se vêtissent » (Lamartine, 1830), « Il vêtit celui qui est nu, mais il ne le réchauffe pas dans son sein » (Chateaubriand, 1831), « Les ombres les [les montagnes de la Grèce] vêtissent » (Lamartine, 1832), « Les plus larges feuilles [...] vêtissaient les arbres » (Sainte-Beuve, 1834), « Car le maître au moins nourrit, loge, vêtit son esclave » (Lamennais, 1836), « Comme un fils de Morven me vêtissait d’orages… » (Lamartine, 1836), « Secourant le malheureux, nourrissant le pauvre, vêtissant l'orphelin » (Chateaubriand, avant 1848), « [Le soleil] qui le vêtissait de son auréole de rayons » (Lamartine, 1851), « Il se vêtissait de la nuit » (Hugo, 1862), « Un grand lit large et bas, que vêtissait une couverture rouge » (Paul Acker, 1901).

    (2) Étienne Le Gal nous explique en quoi consiste la conjugaison inchoative et comment elle naquit : « Les Latins possédaient des verbes nombreux en scere, sco (formes esco, isco, asco, osco) qui exprimaient le commencement d'une action, et qu'on appelait pour cela inchoatifs (latin inchoativus, de inchoare, "commencer"). Ces verbes en sco prirent une très grande extension vers la fin de l'Empire, si bien que beaucoup de verbes anciens en ēre, ère ou ire eurent, à côté de leur forme normale, une forme inchoative en scere, sco, ou adoptèrent uniquement cette dernière forme. La terminaison inchoative scere, sco pénétra ainsi les trois conjugaisons latines et elle devint le type d'une conjugaison qui s'étendit bientôt à la plupart des verbes en ire. C'est ainsi que finire donna la forme finiscere. Cette conjugaison inchoative en scere, sco, se généralisa dans le passage du latin au français, et elle nous donna un très grand nombre de verbes. Ces verbes eurent, par suite, entre leur radical et leur terminaison, à certains modes une syllabe intercalaire iss, venue de la particule inchoative latine isc [...]. L's, étant fort, se double devant une voyelle et s'amuït au contraire devant une consonne. C'est ainsi que l'on écrit : nous finissons, il finit. [...] Il n'y a donc pas là un barbarisme [à propos des formes vêtissent, vêtissaient...] ; il y a tout simplement un exemple de conjugaison inchoative. Mais l'usage impose : vêtent, vêtaient » (Ne dites pas... Mais dites... : Barbarismes, solécismes, locutions vicieuses, 1925).

    (3) Comme vêtir, les composés dévêtir, revêtir eurent tendance à emprunter la conjugaison inchoative (de type finir) : « Il fait les bleds heureux, De pampre il revestit les raisins plantureux » (Joachim du Bellay, 1558), « Qui despouille la haine de Dieu se revestist de la haine de nous » (Montaigne, 1569), « Il se devestissoit de sa Chanoinie » (François du Tillet, 1605), « On revestit ses pensées [de] paroles » (Bossuet, 1697), « Une cascade de Marli dont les membres revêtissent à présent les chapelles de Saint-Sulpice » (Diderot, 1759), « C'est une bière dont on revêtit un cadavre » (Turgot, avant 1781), « C'est alors que les zéphyrs [...] la revêtissent de la robe du printemps » (Bernardin de Saint-Pierre, 1784), « En te revêtissant d'une forme dernière » (Antoine Le Bailly, 1823), « Pendant qu'elle se dévêtissait » (Alphonse Allais, avant 1902), « Le curé se dévêtissait des ses habits sacerdotaux » (Apollinaire, 1910), « Les magistrats [...] revêtissent les apparences du journaliste, du député, de l'orateur » (Paul Adam, 1910), « Il y a une nudité avant que l'on se re-vêtisse » (Paul Valéry, 1941).

    (4) À en croire Paul Léautaud, ce fut le cas dans la première mouture de Si le grain ne meurt : « Gide dit : "[Paul] Souday me reproche jusqu'à des fautes de français, parce que j'ai écrit quelque part dans ce livre : vêtissait, au lieu de vêtait. On peut dire l'un ou l'autre [...], que diable !" » (Journal littéraire, 1958).

    (5) « Vêtissoit est un barbarisme échappé du reste à plusieurs grands écrivains, qui ont oublié l'irrégularité de ce verbe » (Louis Charles Dezobry, 1844), « Si le génie, fût-il Voltaire, [...] conjugue vêtir à tous ses temps comme finir, je ne l'excuserai point en avançant que les grands écrivains font ce verbe régulier [...] ; je prononcerai hardiment le mot barbarisme » (L. Samuel Colart, Nouvelle Grammaire française, 1848), « Vêtissait est un barbarisme » (Joseph Chantrel, Cours abrégé de littérature, 1872), « Il n'en faut pas moins considérer ces formes comme des barbarismes » (Éman Martin, Le Courrier de Vaugelas, 1870). Littré (1872) parle de « faute contre la conjugaison », Pierre Le Goffic (1997) de « formes déviantes par attraction de la deuxième conjugaison » et Bescherelle (2012) de « formes fautives ».

    (6) Réponse cinglante dans le numéro de mai 1838 du Journal de la langue française : « Il y a en grammaire plusieurs considérations qui doivent avoir le pas sur celles de l'euphonie. Les noms cités par M. Casella sont sans doute très imposants, mais nous ne trouvons pas là une raison suffisante pour admettre de gaîté de cœur la consécration d'un solécisme. Outre la violation manifeste de l'ancienne et rationnelle lexigraphie de ce verbe [vêtir], la nouvelle orthographe présenterait encore l'inconvénient de confondre les trois premières personnes de l'indicatif présent avec les trois premières du prétérit défini [n'est-ce pas déjà le cas de tous les verbes du deuxième groupe ?]. Et pourquoi cette perturbation dans l'économie d'un verbe qui fonctionne parfaitement bien ; perturbation qui en amènerait nécessairement une autre dans ses trois dérivés ? pour excuser trois ou quatre [!] grands écrivains et favoriser l'ignorance d'une foule d'écrivains médiocres. Cet usage, qui ne date pas de loin [!], doit être combattu, et nous croyons que ce serait naturellement nuire à la langue que de le favoriser. »

    (7) La logique veut que la même différence se trouve dans les noms dérivés de ces verbes : vêtement, dévêtement, revêtement, mais investissement, travestissement. Il n'est pourtant que de consulter les anciennes éditions (1762-1835) du Dictionnaire de l'Académie pour prendre les Immortels la main dans le sac (de linge sale) : ne préconisaient-ils pas la graphie dévêtissement tout en indiquant par ailleurs que « dévêtir se conjugue comme vêtir » ? Là encore, comprenne qui pourra...

    (8) Aussi le philologue Jean Bastin ne voyait-il « aucun mal à ce que vêtir se conjugu[ât] comme son composé investir » (Précis de phonétique, 1905).

    Remarque 1 : Selon Dupré, « les difficultés de conjugaison de vêtir sont si réelles que de grands écrivains s'y sont trompés ». On peine à croire que toutes les plumes citées plus haut ignorassent à ce point leurs conjugaisons... Littré voyait plutôt dans cette « confusion » l'influence du « composé investir [qui] suit la conjugaison ordinaire ». Les témoignages de Sainte-Beuve et de Gide attestent pourtant une autre réalité : l'emploi des formes inchoatives de vêtir ressortit davantage à un choix esthétique, formel qu'à la confusion ou à l'analogie.

    Remarque 2 : « Si vêtir était resté dans la langue courante, il aurait pris vraisemblablement la conjugaison inchoative », écrivait Léon Clédat en 1913. Hypothèse hasardeuse, me semble-t-il, dans la mesure où des verbes d'usage courant comme dormir, sentir... ont conservé leurs formes traditionnelles.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les grands génies se vêtent (selon l'Académie et les dictionnaires usuels).
    On notera, au demeurant, que la forme vêtissent initialement employée a été promptement remplacée, dans l'article de L'Observateur, par l'irréprochable vêtent.

     

    « Sur le pouceNi un(e) ni deux »

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  • Commentaires

    1
    lomok
    Jeudi 27 Septembre 2018 à 00:09

    Je suis enthousiasmée par tout ce que je lis... Bravo pour tant de recherche et de clarté ! Et merci aussi...

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