« Z-yeux révulsés, état de transe en série sur scène, en plein Paris » (à propos du spectacle parisien de l'hypnotiseur québécois Messmer, photo ci-contre).
(Cécile Laronce, au 19/20 de France 3, le 3 novembre 2012)
Ce que j'en pense
Je regardais, tout yeux tout oreilles (entendez : attentivement), le journal télévisé du soir, quand le lancement du sujet sur l'hypnotiseur québécois m'obligea à froncer les premiers et à tendre la seconde.
Se pouvait-il ?... Non, je n'avais pas rêvé : notre journaliste, obnubilée par le regard magnétique de Messmer, venait de nous servir une liaison fort mal-t-à-propos !
Bien sûr, il est un cas – considéré comme familier – où l'Académie elle-même autorise cette licence : « Entre quatre yeux (on prononce ordinairement, par plaisanterie, entre quat'z-yeux), en tête à tête », mais cet usage, critiqué dans la langue soignée, pourrait s'expliquer par le fait que certains adjectifs numéraux étaient à l'origine déclinables : « Li quatres maistres de l'hospital » (Fallot, 1284). Yeux faisant partie des rares mots d'origine latine commençant par un y, la liaison pouvait alors sembler naturelle.
Il serait donc erroné de voir dans ce z intercalaire le recours à une lettre euphonique, pour faciliter le passage d'une voyelle à une autre, en cela que ce procédé ne s'envisage en français qu'en présence d'une forme verbale : vas-y, aime-t-il...
En l'absence de verbes et de déterminants dans la phrase qui nous occupe, yeux ne saurait donc se prononcer autrement que [ieu] dans la langue soignée.
Remarque : Le pluriel œils n'est conservé que dans les mots composés à sens figuré (des œils-de-bœuf) et dans quelques emplois techniques.
Ce qu'il conviendrait de dire
Yeux révulsés, état de transe en série.