« L’élue municipale de Seine-et-Marne en voie d’être exclue de l’UMP pour avoir pastiché une publicité sur son site Facebook au dépens de la ministre de la Justice Christiane Taubira, doit être jugée, a estimé vendredi la ministre Yamina Benguigui. »
(paru sur liberation.fr, le 15 novembre 2013)
Christiane Taubira (photo Wikipédia sous licence GFDL par Guillaume Paumier)
Ce que j'en pense
Nous savons, depuis le mois dernier, que dépens a moins à voir avec dépendre qu'avec dépenser (lien ci-dessous). Voici que l'article de Libération, qui reprend sans plus de contrôle une dépêche de l'AFP, me fournit l'occasion de rappeler que, à l'instar de frais, ledit substantif masculin ne s'emploie qu'au pluriel, notamment dans la locution prépositive aux dépens de, qui signifie proprement « aux frais de » (Il s'est enrichi à mes dépens) et, figurément, « au détriment, au préjudice de » (Apprendre quelque chose à ses dépens).
Quant au (trop ?) célèbre slogan « Y'a bon.. Banania », aujourd'hui honteusement pastiché, rappelons qu'il renferme en sa tasse fumante deux perles de la plus belle eau : d'abord, cette apostrophe, marque de l'élision en français, dont la place se justifierait davantage avant le y (amuïssement du l de il dans il y a) qu'après (aucune élision entre le y et le a), mais habitude a été prise d'employer la graphie fautive y'a quand on veut rendre la prononciation familière ya (Y'a d'la joie !) et non i-a (Y a-t-il quelqu'un ici ?) ; enfin, ces deux points de suspension qui, dans notre langue, vont d'ordinaire par trois...
Las ! il faut croire qu'il y a bon... nombre d'années que l'on ne prend plus le temps de se relire ni d'ouvrir une (y a) bonne grammaire.
Voir également le billet Tout dépend.
Ce qu'il conviendrait de dire
Une publicité aux dépens de la ministre.