Les canards boursiers n'ont pas fini de laisser de leurs plumes, à force de confondre l'adjectif volatil, qui sied tant à l'évolution erratique de la Bourse, et son homophone volatile, substantif masculin et adjectif épicène de basse-cour.
À l'origine, l'adjectif volatil est un terme de chimie signifiant « qui est susceptible de se résoudre en vapeur, en gaz » (des matières volatiles inflammables). Au figuré, il prend le sens de « qui disparaît facilement » ou « qui est fluctuant, changeant » (un électorat volatil).
C'est son emploi, dans cette dernière acception, avec un substantif féminin qui est source de confusion et de prise de bec : une valeur volatile vs un volatile (= un animal qui vole).
On se gardera donc de commettre les mêmes approximations aviaires que celles relevées dans les médias spécialisés où sévissent encore quelques plumitifs anonymes :
« ... au profit des obligations et des placements monétaires, moins volatiles » (site www.bnpparibas.net).
« Ce type de montage se révèle particulièrement attractif lorsque (...) les taux variables sont volatiles » (site www.credit-agricole.fr).
« Le marché des warrants est parfois extrêmement volatile » (site www.creditmutuel.fr).
Remarque 1 : Les adjectifs en -ile (docile, facile, fragile, juvénile, labile, sénile, versatile, etc.) conservent leur e final au masculin (on dit qu'ils sont épicènes car ils ont la même forme au masculin et au féminin), sauf : civil, incivil, puéril, subtil, vil, viril, volatil. À ces exceptions, il conviendrait d'ajouter bissextil (composé du latin bis et de sextus, « deux fois sixième », parce que, dans le calendrier romain, le 24 février, sixième jour avant les calendes de mars, était doublé tous les quatre ans), mais à force de n'être plus employé que dans la locution année bissextile, l'Académie a cru bon d'en faire un adjectif des deux genres, en figeant sa graphie avec e final. Cet arbitrage qui sent la renonciation ne fait heureusement débat qu'une fois tous les quatre ans...
Remarque 2 : D'après le Dictionnaire historique de la langue française, le nom volatile « représente une réfection (v. 1120) de l'ancien français volatilie, "ensemble des oiseaux", emprunt au bas latin volatilia, et donc doublet savant de volaille ».
Des contes qui donnent la chair de poule ?...
(Editions Publibook)