Selon l'Académie, « la tournure suite à, qui appartient au langage commercial [et administratif], n'est pas de bonne langue dans l'usage courant ». Elle est, en effet, considérée comme une ellipse fautive des locutions suivantes.
Comme suite à / Pour faire suite à
Reconnaissons d'emblée que ces deux formules d'introduction ne brillent pas par leur légèreté. L'Académie recommande pourtant d'y recourir dans la correspondance, quand on se réfère à une précédente lettre que l'on a écrite soi-même. Dans les autres cas, mieux vaut employer en réponse à, formulation plus naturelle.
Pour faire suite à (ou comme suite à) ma lettre du...
En réponse à (ou pour donner suite à) votre lettre du...
En référence à votre commande du...
À la suite de
Pour introduire la cause, il convient d'employer les locutions prépositives à la suite de, à cause de, par suite de – ou tout simplement après – de préférence à suite à.
Il est resté paralysé à la suite d'un accident (et non suite à un accident).
À la suite de la découverte d'un colis suspect, la gare a été évacuée.
L'avion a atterri avec difficulté à cause de l'orage.
Il s'est mis au lit par suite de maladie.
Remarque : On fera la distinction avec : Il est décédé des suites d'un accident.
Remarque 1 : Attesté au début du XIXe siècle, le tour soutenu comme suite à fut concurrencé, au siècle suivant, par la forme réduite suite à dans la langue administrative et commerciale : « Comme suite à mon rapport du 10 du courant » (Journal des débats politiques et littéraires, 1832), « Suite à votre honorée du 27 courant » (Journal officiel de la République, 1909). Il commence à l'être également dans l'usage littéraire : « M. de Guermantes, ayant déclaré (suite aux asperges d'Elstir et à celles qui venaient d'être servies) [que...] » (Proust, 1921), « Le mouvement des Arts & Crafts [...] se développait à Londres suite aux travaux précurseurs de John Ruskin et William Morris » (Paul Aron, 1997), « Suite à une observation très aiguë de l'usage réel » (Claude Duneton, 1998).
Remarque 2 : De suite signifie « d'affilée, successivement, l'un après l'autre, sans interruption ». On se gardera, en français moderne, d'employer cette locution dans le sens de tout de suite (= sur-le-champ, sans délai, immédiatement).
Il a mangé deux desserts de suite. Il a travaillé dix jours de suite.
Je reviens tout de suite (et non de suite, considéré comme un tour populaire).
NB : Tout de suite a pu s'employer autrefois comme « superlatif » (pour ainsi dire) de de suite : « Il a fait trois courses de bague tout de suite » (Dictionnaire de l'Académie, 1694).
Remarque 3 : La locution verbale donner suite à signifie, quant à elle, « prendre en considération, poursuivre son action en vue de faire aboutir (un projet, une demande) » : Je ne peux donner suite à votre demande.
Livre de Fafard et Sindon, Éditions Louise Courteau