S'asseoir : voilà un verbe sur la conjugaison duquel beaucoup d'entre nous ont tendance à s'asseoir...
Il s'agit d'un verbe irrégulier qui a deux formes de conjugaison : la première, respectueuse de la tradition (flexion de seoir en sie), est de loin la plus employée en France ; la seconde, parfois considérée comme populaire (parce qu'elle correspond à une formation secondaire sur l'infinitif) bien que parfaitement correcte, est plutôt utilisée au sens figuré (Il assoit sa réputation) et au Québec.
1re forme
2e forme
Faites attention à ne pas dire assis-toi (par confusion avec le participe passé, souvent employé comme interjection : assis !) mais assieds-toi (ou assois-toi), comme cela... sied aux personnes respectueuses de notre langue !
Remarque 1 : On notera que le e intercalaire présent à l'infinitif disparaît dans la seconde forme de conjugaison du verbe s'asseoir et de ses dérivés rasseoir, surseoir − ce dernier bénéficiant toutefois (allez savoir pourquoi) d'une dérogation au futur et au conditionnel : je surseoirai, nous surseoirions. Littré protestait déjà contre cette disparate : « L'Académie écrit j'assoirai, sans e, mais je surseoirai avec un e. Il faudrait remettre la concordance entre ces deux verbes que rien ne doit séparer, afin de diminuer des exceptions qui compliquent inutilement l'orthographe. » C'est la raison pour laquelle il a été proposé, lors des Rectifications orthographiques de 1990, de supprimer tous ces e qui ne correspondent plus à aucune réalité phonique (assoir au lieu de asseoir, sursoirai au lieu de surseoirai), comme ce fut en son temps le cas pour le verbe voir.
Remarque 2 : Le radical assi-, qui perdure dans le tour fautif assis-toi, correspond à une forme ancienne, sortie de l'usage en France : le verbe assire, emprunté du latin assidere, contrairement à asseoir, dérivé du latin vulgaire assedere « être assis » (cf. illustration ci-dessous).
Remarque 3 : On s'assoit sur une chaise, un siège, un tabouret, un banc, un divan, un canapé, un sofa, un lit... mais dans un fauteuil (pour signifier que sa forme, qui nous embrasse au sens premier du verbe, relève plus du contenant que de la surface). En revanche, on posera un livre sur le fauteuil.
Ce qui était correct au XVIIe siècle ne l'est plus aujourd'hui...