« Or du rapport Sauvé, vite enterré par Nicolas Sarkozy en 2010, aux conclusions de la commission Jospin en 2012, restées lettres mortes jusqu’au scandale Cahuzac, l’histoire récente montre une franche réticence de la part des élus à modifier les règles. »
(Éric Decouty, sur liberation.fr, le 18 avril 2013)
(Lettre morte, roman de Linda Lê, Christian Bourgeois Éditeur)
Ce que j'en pense
L'Académie est catégorique : « Lettre morte (toujours au singulier), se dit d'un texte de nature juridique (titre, pouvoir, traité, etc.) qui est devenu sans effet, qui n'a plus ni autorité ni valeur. Cette convention est devenue, est restée lettre morte. Ses instructions sont restées lettre morte, n'ont pas reçu d'exécution. Fig. Recommandations, avertissements, reproches sont pour lui lettre morte, il n'en tient aucun compte... » Dans cet emploi, le substantif lettre est en effet pris dans son sens collectif de « texte », en tant que composé d'une suite de lettres, ce qui explique sans doute l'invariabilité de notre locution.
Une locution que l'on se gardera par ailleurs de confondre avec sa cousine lettre close, à prendre elle aussi au pied de la lettre puisqu'elle désignait autrefois une missive cachetée du sceau royal. On ne la rencontre plus guère qu'au figuré, en parlant « d'un domaine d'idées, de connaissances, de sentiments, auquel on est étranger ou, simplement, de ce dont le sens échappe. Je ne comprends rien à ce que vous m'écrivez, c'est pour moi lettre close » (Dictionnaire de l'Académie).
En résumé, (être) lettre morte = (être) sans valeur, sans effet, inappliqué ; (être) lettre close = (être) impénétrable, incompréhensible. Dans les deux cas, l'invariabilité est de rigueur.
De là à prétendre avoir autant d'esprit que de lettres...
Ce qu'il conviendrait de dire
Des recommandations qui sont restées lettre morte.