« A Londres, il enregistre avec les musiciens british de son quintet » (à propos du contrebassiste Kyle Eastwood, photo ci-contre).
(Paola Genone, dans L'Express no 3223, avril 2013)
Ce que j'en pense
Bien sûr, flotte au-dessus de cette phrase le parfum so British et so jazzy des clubs d'outre-Manche. Il n'empêche : « Quintet est un anglicisme, employé pour les formations de jazz », écrit Marie-Josèphe Berchoud dans Le vocabulaire et ses pièges (Éditions Archipoche, 2011). Larousse ne semble pas s'en émouvoir : « Quintet n.m. (mot angl.). Quintette de jazz ». Le ton est donné : quintette serait la forme correcte pour désigner une composition musicale à cinq parties, puis un ensemble de cinq musiciens (instrumentistes ou chanteurs) et, par extension, un groupe quelconque de cinq unités (en particulier dans le sport, depuis 1931) ; quintet, le nom anglo-américain donné aux formations de jazz, attesté en français depuis 1934 mais non enregistré par l'Académie.
Que nous enseigne l'étymologie ? Jusqu'en 1820, selon Littré, on employait quinque (terme latin signifiant « cinq », prononcé kuin-kué et parfois écrit quinqué) pour désigner un morceau de musique à cinq parties ; « aujourd'hui on dit quintette ». Sauf que, à en croire le Dictionnaire historique, Littré oublie de préciser qu'apparurent entre-temps les formes quintet et quintett, emprunts francisés respectivement de l'italien quintetto et de l'allemand Quintett. Et voilà que, contre toute attente, l'on s'enflamme contre la graphie quintette : « M. Berlioz ose écrire quintette (...) Cela n'est-il pas monstrueux ? Si l'on tenait à franciser [le mot italien quintetto], il faudrait dire, un quintet, des quintets (...) Mais, un quintette !!!!!!! » (Léger Noël, Nouvelle grammaire française, 1861). On ne peut s'empêcher de sourire, en songeant à l'actuelle recommandation de l'Office québécois de la langue française consistant à toujours privilégier « la forme qui est la plus simple, la plus française, la moins ambiguë ou la plus régulière », à savoir... quintette (au lieu de quintet) ! Autre temps, autre appréciation : l'audace d'hier est devenue la norme d'aujourd'hui.
Le plus cocasse est à venir : selon Alain Rey, l'anglais quintet (« ensemble de cinq unités »), parfois écrit quintette, serait lui-même emprunté... du français quintette ! L'air, qui tourne en boucle au-dessus de la Manche, est donc bien connu. Reste à le siffler correctement : kuintèt' pour Littré et l'Académie, (le plus souvent) kintèt' pour Thomas et Girodet, l'un ou l'autre mais surtout pas kouintèt' pour Dupré. Gare aux fausses notes !
Ce qu'il conviendrait de dire
Il enregistre avec les musiciens de son quintette (de préférence à quintet).