« On a aussi eu le droit à cette jolie prise de becs entre membres de la "famille France Télévisions" » (à propos des Jeux olympiques de Sotchi).
(paru sur nouvelobs.com, le 13 février 2014)
Ce que j'en pense
Deux coquilles se sont glissées dans cette phrase d'apparence bien anodine.
Allons droit au but : d'abord, ce télescopage entre les locutions avoir droit à quelque chose (« pouvoir légitimement l'exiger, la mériter » et, familièrement, « devoir la subir, ne pouvoir l'éviter ») − où le substantif droit, employé sans l'article défini, est suivi de la préposition à − et avoir le droit de faire quelque chose (« avoir la possibilité de, être autorisé à ») − que l'on rencontre parfois sous sa forme recherchée avoir droit de.
Ensuite, ce bec que la langue familière emploie au sens de « bouche de l'être humain » par allusion à celle des oiseaux : ouvrir le bec, claquer du bec, clouer le bec à quelqu'un, avoir le bec fin, se défendre bec et ongles, se retrouver le bec dans l'eau, etc. Au nombre de ces locutions figurées, prise de bec, qui désigne, vous l'aurez compris, une altercation, une querelle, une dispute, un échange de propos vifs. Seulement voilà : on a beau savoir qu'il importe d'être au moins deux pour pouvoir se chamailler, les ouvrages spécialisés n'enregistrent que la graphie prise de bec, avec bec au singulier.
Notre journaliste serait-il tombé sur un bec ? Difficile toutefois de lui voler dans les plumes, tant il est vrai que le nombre du complément du nom, en français, c'est la prise de... tête !
Remarque 1 : On écrira également être aux prises avec pour « lutter contre, se battre avec ».
Remarque 2 : Le cas de prise de vue(s) est différent, si l'en croit Thomas : « On écrit : Une prise de vues (cinéma), de vue (photographie). »
Ce qu'il conviendrait de dire
On a aussi eu droit à cette jolie prise de bec.