« Et en ce moment, jusqu'à deux cents (h)euros offerts pour toute nouvelle adhésion. »
(Publicité pour la Mutuelle générale)
Ce que j'en pense
Curieusement, le mot euro, dans la bouche des publicitaires comme dans celle de nombreux Français, est plus souvent qu'à son tour prononcé comme s'il était orthographié heuro avec un h aspiré − entendez : sans faire la liaison, pourtant obligatoire, avec l'adjectif numéral qui précède.
L'Académie a beau rappeler sur son site Internet que l'on doit dire « un(n)euro, dix(z)euros, vingt(t)euros, quatre-vingts(z)euros, cent(t)euros… », rien n'y fait : depuis 2002, des hordes de heuros et des légions de hiatus (*) déferlent sur le pays, hachant menu les phrasés sur leur passage. La situation semble désespérée : « Toutes les couches de la population française sont atteintes d'europathie chronique ! déplore, non sans humour, Jean-Joseph Julaud dans son Petit livre des liaisons. Désormais la norme, c'est la faute ! »
Il faut reconnaître que nos concitoyens font preuve, en la matière, d'un bel esprit de contradiction : les mêmes qui rechignent à faire les liaisons en employant euro (le plus souvent, semble-t-il, par ignorance de la règle d'accord des adjectifs numéraux cardinaux) ne s'empressent-ils pas − à tort, cela va sans dire − de prononcer les zandicapés, les zaricots ? Comprenne qui pourra ! Il suffit pourtant de remplacer le mot euro par le mot an pour retrouver la voie de la raison : dirait-on il a trois hans ou depuis dix hans comme les ânes braillent hi-han ? Je vous fiche mon billet que non !
(*) Rencontre de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes, à l'intérieur d'un mot ou dans la succession de deux mots. L'Académie ajoute : « On dit aussi l'hiatus, sans aspiration. »
Remarque : On notera par ailleurs que euro, en tant que nom commun, prend la marque du pluriel : un euro, des euros.
Voir également le billet Accord de vingt, cent et mille.
Ce qu'il conviendrait de dire
Deux cents (z)euros.