Sans doute vous est-il déjà arrivé, à proximité d'un carrefour, d'hésiter entre une rue piétonne... et une rue piétonnière. Ce n'est pas surprenant : les deux mots sont synonymes !
Rappelons pour commencer que piéton est d'abord un nom : il désignait autrefois le fantassin du Moyen Âge ; aujourd'hui, la personne qui va à pied. Dans cette dernière acception, le mot ne s'emploie que très rarement au féminin ; on dira donc un piéton, sans plus se soucier du sexe de ses pieds...
C'est sans doute en raison de cette particularité que piéton, employé adjectivement au sens de « destiné ou réservé aux personnes à pied » (en parlant d'une rue, d'une voie d'accès, d'un espace, etc.), s'est vu concurrencer par son dérivé piétonnier, venu donner un joyeux coup de pied dans la fourmilière un jour de 1967.
À notre époque, où l'usage a fini par imposer le féminin piétonne pour l'adjectif (mais toujours pas pour le substantif), la langue française se retrouve bien embarrassée, avec deux formes pour désigner la même chose (il est vrai que ce n'est pas la première fois...). À tel point que l'Académie s'est sentie obligée de donner sa préférence à la première, de facture plus légère et de formation plus ancienne.
Une rue piétonne (de préférence à piétonnière), des sentiers piétons (ou pour piétons).
Remarque 1 : En Belgique, piétonnier s'utilise également comme nom masculin (un piétonnier = une rue, une zone piétonne).
Remarque 2 : On notera que l'adjectif pédestre n'est pas synonyme de piéton (ni donc de piétonnier) : il signifie « qui se fait à pied, par la marche à pied » (une randonnée pédestre).
Cheminements piétons serait de meilleure langue...
(Editeur : Conseil d'architecture d'Urbanisme et d'Environnement des Hautes-alpes)