Les homophones parti et partie peuvent nous jouer bien des tours dans certaines expressions où l'absence de déterminant favorise la confusion entre ces deux formes substantivées du participe passé de partir.
Tirer parti (de)
Tirer parti (de), c'est « tirer profit (d'une situation) », par référence au sens ancien du nom masculin parti, « part revenant à quelqu'un », d'où « avantage, utilité, profit ».
Il a su tirer parti de cet échec.
Remarque : Ajouter un e final à parti dans cette expression reviendrait, convenons-en, à envisager un jeu sexuel aux accents sado-masochistes... une sorte de coup bas.
Prendre parti / à partie
Dans prendre parti (= choisir, s'engager, prendre position), parti est à prendre – justement – au sens de « résolution, détermination que chacun adopte pour sa part » (comme dans l'expression parti pris). On se gardera de toute confusion avec prendre à partie, où partie s'entend dans son acception juridique de « partie adverse, opposée dans un procès ».
C'est une femme qui ne prend jamais parti (= qui ne prend jamais de décision) mais Elle m'a pris à partie (prendre quelqu'un à partie = s'en prendre à quelqu'un).
Remarque 1 : L'honnêteté m'oblige à préciser que l'expression prendre (quelqu'un) à partie s'est autrefois écrite prendre à parti, ce qui ajoute à la confusion...
Remarque 2 : Un e final à parti et la première affirmation éloignera définitivement tout prétendant (la seconde aussi, au demeurant).
Remarque 3 : Prendre parti pour quelqu'un, prendre le parti de quelqu'un, c'est « défendre sa cause » ; prendre son parti de, c'est « se résigner à, se faire une raison ».
Remarque 4 : On rencontre également les locutions figées être juge et partie (« avoir à juger une affaire où l'on est impliqué »), ce n'est que partie remise (en parlant d'une affaire, d'un projet manqués mais qu'on a dessein de reprendre plus tard) et avoir partie liée avec quelqu'un (à propos d'un projet que plusieurs personnes ont en commun).
Faire partie (de)
Le nom féminin partie signifie ici « fraction d'un tout ». Faire partie (où partie reste invariable), c'est donc « être une partie d'un ensemble ».
Il fait partie de mes amis (et non Il fait parti de mes amis).
Elles font partie intégrante de l'association.
Remarque : Retirer le e final à partie dans cette expression supposerait que l'on entrât en politique, ce qui n'aurait rien d'étonnant par les temps qui courent...
Il faut en prendre son parti : dans prendre à partie, partie s'écrit avec un e final !
(article paru le 10/10/09 sur lemonde.fr)
(Livre de Robert Elger, Rustica Éditions)