« Interrogée par Le Monde sur les un an de présidence Hollande, [Ségolène] Royal parle de "temps perdu" et de rapport au pouvoir qui "n’a guère changé". »
(dépêche AFP, sur liberation.fr, le 13 mai 2013)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Matthieu Riegler)
Ce que j'en pense
Curieux attelage que voilà, où le déterminant pluriel vient frayer avec l'unité ! S'il n'y a qu'une année à fêter, convenons que la logique plaide en faveur d'une formulation au singulier : le premier anniversaire, la première année. Mais il faut croire que la langue, notamment quand elle est familière, n'est pas toujours éprise de rationalité : ne dit-on pas couramment du haut de ses un mètre quatre-vingts, les 1 % d'augmentation, la température avoisine les zéro degré, sur les une heure (expression que Littré qualifie de familière et d'abusive), etc. ? Le Wiktionnaire explique ce recours à un déterminant pluriel par le fait que le numéral est employé « avec une unité sans identité » ; les linguistes, par « un emploi générique des noms de mesure » (Claude Muller) ou par « un fractionnement du temps ou de l'espace, lequel peut s'effectuer s'il le faut en deçà du singulier formel » (Marc Wilmet) ; d'autres encore, par le recours à une ellipse (« les moments qui précèdent ou qui suivent un an ») ou par l'expression d'une certaine emphase. S'ils le disent...
Sans doute est-il grammaticalement préférable, dans la langue soignée, de passer son chemin. Quant aux locuteurs qui tiennent au pluriel, ils pourront toujours s'exprimer en mois (voire en jours...) : les douze premiers mois de la présidence. Cela leur évitera de se demander s'il faut ou non mettre un s à an et faire la liaison entre les et un...
Remarque : Il est possible de ne pas faire l'élision devant un quand on veut insister sur l'idée de quantité ou de mesure (dixit l'Office québécois de la langue française) ou quand l'adjectif numéral n'est pas suivi de décimales (dixit Thomas). Pour autant, la formulation le un an est-elle à privilégier ? Il semble que nous soyons là en présence d'un des « rares cas où le genre et le nombre du déterminant est figé au point que l'accord ne peut pas se faire » (Béatrice Lamiroy).
Ce qu'il conviendrait de dire
Interrogée par Le Monde sur la première année (ou les douze premiers mois) de présidence...