« "Aujourd’hui chacun sait que nous n’atteindrons pas les 0,8% qui étaient prévus", a confirmé mardi François Hollande » (à propos des prévisions de croissance de la France pour 2013).
(dépêche AFP, sur liberation.fr, le 19 février 2013)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Jean-Marc Ayrault)
Ce que j'en pense
En français, la marque du pluriel commence à 2. On écrira donc : 1,5 euro mais 2 euros.
Appliquée à l'expression d'un pourcentage, cette règle est ainsi formulée par l'Académie : « Si le pourcentage ne possède pas de complément, l’accord se fait avec l’expression du pourcentage, au singulier si celui-ci est inférieur à 2, sinon au pluriel : 1,9% a voté contre la motion ; 97,1% ont voté pour la motion ; 1% s’est abstenu ».
Dès lors, on est fondé à s'interroger sur les raisons qui motivent ici le choix de l'article les (si ce n'est pour donner plus de corps à cette maigre prévision de croissance). Si encore le complément sous-entendu était lui-même au pluriel... mais en l'occurrence c'est de croissance qu'il s'agit ! Pourquoi ce qui vaut pour le 1 % logement et le 1 % patronal ne serait plus d'actualité dès lors qu'il est question de 0,8 % du PIB ? Plus d'un économiste arguerait pourtant que « qui peut le plus peut le moins »...
Il est vrai que la langue courante ne se formalise guère de ce genre d'incohérences. Après tout, n'entendra-t-on pas, dans quelques mois, que François Hollande s'apprête à fêter les un ans de son élection (au lieu du premier anniversaire de son élection) ?
Voir également le billet Pluriel des nombres fractionnaires.
Ce qu'il conviendrait de dire
Aujourd’hui chacun sait que nous n’atteindrons pas (l'objectif de) 0,8 % de croissance.