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Le plastique, ce n'est pas fantastique !

Frag(r)ance

« Êtes-vous prêts à passer aux catalogues 100% numériques ? [...] chacun sait que c'est irréversible. On a bien mis fin aux sacs plastiques jetables. »
(Michel-Édouard Leclerc, sur son blog, le 9 décembre 2020.)  


FlècheCe que j'en pense


Plastique est-il adjectif (donc variable) ou nom apposé (au singulier) dans la construction familière des sacs plastique(s) ? La plupart des spécialistes de la langue (Académie et Robert en tête) penchent pour la seconde hypothèse : des sacs plastique pour « des sacs en (ou de) plastique », « conformément à la raison et à l'usage » (selon Goosse). À y regarder de près, nous aurions même affaire à une double ellipse, dans la mesure où le substantif plastique, dans cet emploi, est lui-même présenté comme l'abréviation de « matière plastique » (avec plastique adjectif) : des sacs en matière plastique → des sacs en plastique → des sacs plastique.

Mais voilà que Hanse vient semer le trouble, en faisant entendre une voix discordante. Ne préconise-t-il pas d'écrire des sacs plastiques comme des matières plastiques ? L'ennui, c'est que ce parallèle donne à penser qu'il s'agit dans les deux cas du même adjectif plastique, alors que le sens diffère. En parlant d'une matière (substance, composition...), l'adjectif plastique s'est d'abord dit de ce qui est susceptible de recevoir une forme, qui est malléable (« L'argile pure est plastique », Littré), avant de se spécialiser en français moderne pour qualifier divers matériaux synthétiques qui peuvent être moulés ou modelés (le plus souvent à chaud). Convenons que l'acception courante de plastique dans sac plastique est tout autre : il ne s'agit pas tant d'un sac qui est susceptible de recevoir une forme que d'un sac qui est fait en matière plastique. Et c'est là que le bât blesse : les dictionnaires de référence rattachent d'ordinaire ce dernier sens au nom employé adjectivement, pas à l'adjectif. Mais pour combien de temps encore ? La tentation de l'accord est telle que l'Académie elle-même se fait prendre la main dans ledit sac à l'article « filage » de la dernière édition de son Dictionnaire : « Opération de façonnage permettant d'obtenir, par passage d'une matière en fusion à travers une filière, ou à l'aide d'une presse, des fils métalliques ou plastiques. » Fils plastiques... mais sacs plastique ? La langue française, quel sac de nœuds !

Remarque 1 : La graphie des sacs papiers (pour « des sacs en papier »), qui se répand sur Internet, se justifie d'autant moins que papier, à la différence de plastique, n'est jamais adjectif.

Remarque 2 : D'aucuns verront dans la tendance à l'élision de la préposition introduisant le complément du nom de matière une nouvelle illustration de l'influence de la syntaxe anglaise (plastic bag, paper bag).

Remarque 3 : L'adjectif plastique connaît de nombreux emplois spécialisés : les arts plastiques (« qui s'intéressent à l'élaboration des formes »), la chirurgie plastique (« qui vise à corriger ou à réparer certaines malformations »), un explosif plastique (encore appelé plastic).

 

Flèche

Ce qu'il conviendrait de dire


On a mis fin aux sacs plastique jetables (selon l'Académie) ou, mieux : aux sacs jetables en plastique.

 

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L
Bonjour,Le mieux est de créer un terme spécial, dit avec grand sérieux, comme dans certaines régions françaises on dit pochon, ou comme au Maroc le mika d'usage général désigne précisément le sac jetable en plastique. Parfois, certaines personnes disent plastik et cette fois c'est l'adjectif, substantivé puisque utilisé avec un déterminant (le, un) qui fait fonction de substantif global.<br /> .Il y a 3 ou 4 ans, par souci d'économie/écologie (*) le gouvernement avait lancé une campagne au niveau national avec le slogan " Zéro mika ! " pour supprimer progressivement l'emploi des sacs plastique dans les commerces, principalement les grandes surfaces en général, les magasins d'alimentation générale, les (re)vendeurs de fruits/légumes au détail et les boucheries. Pris d'un soudain sentiment écolo. la grande majorité des acteurs de la distribution ainsi que des consommateurs a fait preuve d'une étonnante obéissance individuelle et citoyenneté collective (je dis ''étonnante'' quand on connaît la mentalité générale !), les 1ers ont cessé de fournir les précieux mikas et les autres ont cessé de le réclamer et ainsi les sacs (en) plastique ont disparu et les sacs papier se sont vus partout, les petits, les moyens, les plus grands, on se serait cru aux ''States'' !... mais hélas (pour les vrais écolos.) la fibre verte du Marocain moyen est vite redevenue soit transparente (la majorité des mikas) soit de couleur rouge ou bleue ! .(*) Il faut savoir que 1°) le Maroc ne dispose pas de pétrole dans son sous-sol et importe donc LA TOTALITÉ de cet hydrocarbure et des produits dérivés ; 2°) dans ce beau pays du Maroc les sacs (en) plastique de toutes tailles étaient et continuent à être généreusement employés pour envelopper tout, n'importe quoi et quelle qu'en soit la quantité, par exemple une paire d'œufs, qui se vendent au détail, et ''Hop'' un petit sachet plastique (qui, de fait ne sert qu'à faciliter la manipulation mais ne protège en rien des coups au contraire –relativement– d'une feuille de journal préalablement froissée comme le faisaient autrefois, et peut-être encore de nos jours les épiciers, crémiers et autres revendeurs) ; chez le fruitier 1 ou 2 pièces d'un fruit ou légume quelconque (courgettes, aubergines, pommes/poires, etc.) et ''Hop'' 1 sachet plastique pour chaque produit, et l'ensemble dans un grand mika alors que les 2 courgettes, les 2 aubergines et les 2 pommes peuvent très bien être empaquetées ensemble !... dans les drogueries-quincailleries qui vendent également toute la visserie-boulonnerie au détail, une dizaine de rondelles, ou vis, ou autres petits objet du même genre, et ''Hop'' dans un petit sachet plastique !... et ce geste-là, partout dans le pays, aussi bien dans les villes grandes, moyennes, petites que dans le plus petit douar (village, hameau, regroupement d'habitat), cette plasticmania multipliée par n x n x n fois au quotidien et on comprend quelle fut la motivation gouvernementale..Salutations.
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