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La premier ministre

« Obama et la premier ministre du Danemark : le selfie de la discorde ? » (à l'occasion de l'hommage rendu à Nelson Mandela).

(paru sur son lefigaro.fr, le 11 décembre 2013) 

(photo AFP / Roberto Schmidt)

FlècheCe que j'en pense

 
Où l'on devine qu'un selfie − déclinaison de l'anglais self, « soi » ? − n'est autre qu'une photographie que l'on prend de soi-même, le plus souvent avec un téléphone portable. Il est vrai que notre bon vieil autoportrait sent son cliché d'autrefois.

Mais là n'est pas l'objet de ce billet. Bien plus polémique est en effet le compromis que l'on a cru judicieux de trouver en évoquant la premier ministre du Danemark ! Loin de moi l'intention de rouvrir la guerre des genres à l'occasion du vibrant hommage rendu à un Prix Nobel de la paix, mais il y a des jours où l'on se demande ce qui passe par la tête de nos journalistes. Le choix qui s'offre à eux est pourtant simple : les tenants de la neutralité liée aux titres, aux grades et aux fonctions − Académie (*) et Édith Cresson en tête − opteront pour Madame le Premier ministre (emploi du masculin en tant que genre « non marqué ») ; les partisans de la féminisation, pour Madame la Première ministre. Et rien, dans ce dernier cas, ne saurait justifier l'invariabilité de l'adjectif Premier (notez la majuscule quand il est question de ministre) précédé d'un déterminant féminin.

Il n'y a qu'à voir la mine renfrognée de Michelle Obama, ignorant ostensiblement la petit (!) sirène qui plaisante avec son président de mari : ce mélange des genres, qui nous renvoie aux règles d'accord les plus fantaisistes de notre grammaire (voir à ce sujet le billet Gens), a bien du mal à passer.


(*) Rappelons ici la mise en garde figurant à l'entrée ministre de la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie : « L'emploi du féminin dans La ministre, et dans Madame la Ministre, qui est apparu en 1997, constitue une faute d'accord résultant de la confusion de la personne et de la fonction. »

 

Flèche

Ce qu'il conviendrait de dire


Obama et le Premier ministre du Danemark (selon l'Académie) ou Obama et la Première ministre du Danemark.

 

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M
Hmmm… Les partisans du féminisme et de l'égalité des sexes sont chaudement encouragés à privilégier… Madame le Premier ministre ! Citation, tirée d'Orthotypographie de Jean-Pierre Lacroux : « Nous sommes ici dans le même cas de figure qu’avec : Mme Machin est le premier athlète à franchir 10 m à pieds joints. Mme Machin est la première athlète à franchir 10 m à pieds joints.<br /> Le jusqu’au-boutisme irréfléchi est rarement payant. S’agissant de la féminisation des titres, il débouche sur une dépréciation du rôle des femmes. N’oublions pas que la langue française telle que nous la connaissons encore pourrait plaisamment être qualifiée de « féministe » : le genre marqué, c’est le féminin. « Privilège » considérable que d’aucuns sont en train de ruiner. La « cause » des femmes n’a rien à gagner à la démagogie débridée. Au contraire. Le Premier ministre (homme ou femme) est le premier de tous les ministres (hommes et femmes). En français, la Première ministre pourrait éventuellement être la première des ministres de sexe féminin. Bref, c’est du machisme pur et simple.<br />  <br /> […]<br />  <br />  <br /> Quelle est la formule la plus élogieuse : « Mme Machin est la première navigatrice à franchir le cap Horn à pieds joints » ? ou : « Mme Machin est le premier navigateur à franchir le cap Horn à pieds joints » ? »<br />  <br /> Cordialement.
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M
Merci de votre visite, de votre message d'encouragement et de ces utiles précisions.
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G
Madame, Monsieur,<br />  <br /> Je n'y ai encore lu que deux articles mais comme ce n'est pas le premier blog que je consulte sur des questions de langue je m'empresse de vous dire que c'est le meilleur par la tenue du propos et aussi je crois par la richesse du contenu. Quelle utilité et quelle vertu ! <br /> Quant au ministre du jour, qui se trouve être une femme, mais dont l'office n'a pas de sexe, mon opinion est faite depuis longtemps : je pense que l'emploi du masculin pour signifier le neutre est préférable à l'accord de genre. Encore faut-il prendre la peine de souligner la raison de ce choix, qui est de supériorité morale.<br /> Le masculin-neutre pour désigner certains offices place l'accent sur la fonction en tant que convention formelle et durable, et revêt donc un certain caractère d'universalité (autant que peuvent en avoir les institutions humaines) par delà les contingences des personnes qui exercent actuellement lesdits offices. On est ministre de droit, ou juge, ou médecin. Il y a là une garantie.<br /> Il semble que notre époque n'entende plus cela — c'est très dommage, et que sous toutes sortes de prétextes idéologiques fumeux chaque particulier exige que sa particularité soit reconnue et dite dans toute sa dignité. Laquelle on ne songeait en général nullement à contester : on est homme, ou femme, d'un fait de nature où ne saurait entrer aucune espèce de jugement moral.<br /> Ainsi l'entendait une époque peu ancienne où le bon sens était chose commune, et dans cet écho je voudrai persister, quoiqu'il me semble parfois avoir mille ans.<br /> Mais vous lire me rajeunit, et pour cela merci.<br />  <br /> Guillaume Colnot<br />  
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