« Cette histoire de clause dans nos contrats avec les fournisseurs semble rendre chafouine l'administration de Bercy depuis un petit moment. La décision du Tribunal de commerce de Paris l'a agacée. »
(Michel-Édouard Leclerc, sur son blog, le 21 novembre 2013)
Ce que j'en pense
M. E. L., le retour ! Voilà que notre chef d'entreprise − comme bon nombre de ses clients, du reste − se méprend sur le sens de chafouin. Fruit des amours improbables du chat et du fouin (ancien masculin dialectal de fouine), chafouin désigne à l'origine un putois et, au figuré, une personne qui a une physionomie basse et sournoise (à cause du caractère que l'on prête auxdits mammifères), du genre de celle incarnée à la perfection par feu Louis de Funès. Quasiment sorti d'usage comme substantif, le mot est surtout employé comme adjectif, au sens de « rusé, sournois », seul enregistré dans les dictionnaires usuels : Un visage chafouin. Une mine chafouine.
Las ! sous l'influence de chagrin (Une mine chagrine) ou de chiffonné (Un visage chiffonné), on assiste dans certains médias à un glissement sémantique de « sournois » à « grognon, de mauvaise humeur » : « La starlette est un peu chafouine. Elle sait que sa maman va devoir repartir et ça la rend triste » (Télé Loisirs), « Trouvé tout chagrin et chafouin de ne pas voir son engagement immédiatement récompensé par un maroquin » (Le Figaro)... jusqu'à cet audacieux « qui le chafouine sans doute davantage », déniché sur Yahoo! Sport. Bien malin (à ne pas manger du foin) qui pourrait dire si l'hypothétique verbe chafouiner doit s'entendre au sens de « courtiser, draguer », de « inquiéter, agacer » ou de « ruser », selon que l'on se trouve dans la région toulousaine ou pas !
Foin, penseront les esprits chagrins, de ces extensions de sens sauvages qui se font au détriment de la clarté de la langue ! Une chatte à l'air chafouin n'y retrouverait ni ses petits sournois ni ses petits grognons.
Ce qu'il conviendrait de dire
Cette histoire semble rendre chagrine l'administration de Bercy.