« On a jamais vu un État se comporter comme cela, que ce soit vis-à-vis d’autres États ou d’actionnaires privés » (propos d'un observateur commentant le rôle de l'Allemagne dans l'échec de la fusion EADS-BAE).(Véronique Guillermard et Yann Le Galès, sur lefigaro.fr, le 10 octobre 2012)
Ce que j'en pense
Pour du jamais vu, c'est du jamais vu : l'adverbe jamais doit se sentir bien seul, dans une phrase négative, sans sa particule ne. Sans doute s'est-elle envolée vers des cieux plus cléments...
À la décharge de nos journalistes, il faut bien avouer que l'emploi de jamais est souvent capricieux. D'ordinaire, il possède le sens négatif de « en aucun temps » et se construit alors avec ne ou sans (sauf en cas d'ellipse de la particule et du verbe) : Je ne l'ai jamais vu. On a communiqué par lettres sans jamais se voir. Son comportement est agréable, jamais méprisant (ellipse). Mais parfois, dans des tours interrogatifs, dans une hypothèse, une comparaison ou dans certaines locutions notamment, il prend le sens affirmatif de « en un temps quelconque » et se passe alors de ses béquilles : A-t-on jamais vu pareil comportement ? C'est la personne la plus étonnante que j'aie jamais rencontrée. Si jamais je l'avais su ! Au grand jamais, à tout jamais.
Remarque : On notera que, pour des considérations étymologiques (jamais étant composé des anciens adverbes jà, « déjà », et mais, « plus »), l'expression plus jamais relève de la tautologie.
Ce qu'il conviendrait de dire
On n'a jamais vu un État se comporter comme cela.