En dépit d'une étymologie commune (latin inclinatio) et d'une indéniable parenté paronymique, les substantifs féminins inclinaison et inclination ont longtemps fait l'objet de la distinction suivante :
Force est de reconnaître que l'usage, parfois peu enclin à se soumettre aux règles, s'est aventuré sur des pentes bien trop inclinées pour conserver à l'édifice intellectuel sa cohérence originelle. Jusqu'à verser dans une relative confusion. En témoigne cette citation de Martin du Gard : « [J'éprouve pour elle] une inclinaison sentimentale, une sympathie... amoureuse » (au lieu du inclination attendu).
À cette aune-là, on en viendrait à se persuader que notre ancien président ne s'était pas fourvoyé (sémantiquement parlant) en expliquant, le 6 septembre 2011, à des routiers penchés vers lui, le regard oblique : « Par inclinaison personnelle, j’ai plutôt envie de donner satisfaction à ceux qui disent "laissez-moi travailler plus", plutôt qu’à ceux qui disent "je veux travailler moins" »...
Alors, sur le déclin, inclination ? Il semble bien que ledit substantif souffre de nos jours d'un déficit d'image, consécutif à un penchant trop marqué pour le désuet et le suranné (ne parlait-on pas autrefois de « mariages d'inclination » ?). À la rigueur le cantonnerait-on dans le seul sens moral, auquel le destinait sa formation savante. Est-ce une raison suffisante pour s'incliner sans réagir devant la suprématie annoncée de son prolétaire de concurrent, de formation plus ancienne ? Il ne tient qu'à nous d'inverser la tendance, tout du moins de la redresser.
Remarque : On notera que le verbe incliner cumule les deux sens, puisqu'il signifie à la fois « courber ; être penché » et « disposer à ; être enclin à ».
La carte du Tendre est parcourue par le fleuve Inclination.
(source Wikipédia)