Ainsi existe-t-il deux h : l'un dit « muet », l'autre improprement qualifié d'« aspiré ».
Précisons tout de suite que ni l'un ni l'autre ne se prononcent ni ne s'entendent (sauf dans certaines onomatopées, et encore...). Aucune obligation, donc, à faire la bouche en cul de poule et à aspirer ou recracher tout l'air de vos poumons...
Quelle différence, alors, entre les deux, me direz-vous ? Le h dit « aspiré » interdit la liaison et l'élision, qu'exige le h dit « muet ». Comparez :
L'héroïne (h muet, qui gouverne l'élision) mais Le héros (h aspiré, qui interdit l'élision : on ne peut dire [léro]).
Une héroïne (on fait la liaison [unéroïne]) mais Un héros (pas de liaison : on ne dit pas [un-néro]). Un nouveau héros (et non Un nouvel héros).
Je hurle (et non J'hurle → h aspiré) mais J'habite (h muet).
Reste à distinguer les mots à h muet de ceux dont le h est aspiré, en sachant qu'il n'y a malheureusement aucune règle...
Le plus simple, pour être fixé, est de faire précéder les noms de l'article défini le (si l' est requis, il s'agit d'un h muet) et les verbes du pronom personnel je (si j' est requis, il s'agit d'un h muet).
En voici quelques exemples :
h aspiré | h muet |
---|---|
la hache | habile |
le haillon | l'habit |
la haine | habiter |
haïr | l'habitude |
haleter | l'haleine |
la halte | l'hallali |
le hamac | halluciner |
le hamster | l'haltère |
le handicap | l'hameçon |
le hangar | l'harmonie |
le hanneton | héberger |
la hantise | l'hécatombe |
le hareng | l'hégémonie |
le haricot | l'hélice |
le harnais | l'hélicoptère |
la harpe | l'hélium |
le hasard | l'hérésie |
le haut-parleur | hériter |
le hayon | hermétique |
le hérisson | l'hermine |
la hernie | l'héroïne |
le héron | l'hiatus (l'Académie accepte le hiatus) |
le héros | hier |
le hêtre | l'hilarité |
heurter | l'hirondelle |
le hibou | l'histoire |
le hors-d'œuvre | l'hiver |
la housse | l'honneur |
le hublot | l'horreur |
le huis clos | l'huissier |
hurler | l'huître |
la hutte | l'hyène (et non la hyène) |
Notons que, à l'oral, la difficulté ne réside pas tant dans l'élision (on sait généralement qu'il faut dire l'hôpital et non le hôpital) que dans la liaison. Aussi veillera-t-on à ne pas esquiver les liaisons qui doivent être faites... ni à faire celles qui sont impropres !
Des haricots (h aspiré → on prononce [dê-arico] et non [dêzarico]).
Un handicapé (h aspiré → on prononce [un-andicapé] et non [un-nandicapé]). En situation de handicap (et non d'handicap).
Il n'a qu'une hantise (h aspiré → [une-antise] et non [une-nantise]).
Notre huissier de justice (h muet → on prononce [notruissier] et non [notre-uissier]).
Les êtres humains (h muet → on prononce [zumin]).
Ce homard (h aspiré) mais Cet homme (h muet).
Deux cents homards (h aspiré → pas de liaison entre cents et homards, malgré le s de cents) mais Deux cents hommes (liaison).
Cet enfant est hargneux, honteux (h aspirés → pas de liaison).
Des conclusions trop hâtives (h aspiré → [tro-âtive] et non [tropâtive]).
Ils sont priés de hâter le pas et de se harnacher (et non d'hâter le pas et de s'harnacher).
À tout hasard (h aspiré → on prononce [atouazar] et non [atoutazar]).
C'est hors de question. Il est hors de cause, hors de danger, hors jeu (h aspiré → on prononce [or] et non [tor]).
C'est honteux (h aspiré → on prononce [onteu] et non [tonteu])
Remarque 1 : Le site orthonet apporte quelques précisions étymologiques intéressantes :
« À l'époque où l'écriture ne distinguait pas les lettres U et V, un H purement graphique devant cette lettre ambiguë a été ajouté dans des mots comme uile, uit, uis, devenus huile, huit, huis, etc., pour qu'ils ne se confondent pas avec vile, vit, vis. Cet h est muet.
Dans huit, huitième, l'H n'est pas étymologique. C'est un artifice graphique pour exclure la liaison et l'élision, qui ne se font pas devant les numéraux (cf "le onze, les/onzièmes").
Des mots d'origine latine ont pu subir l'influence de mots germaniques et recevoir un H "aspiré" : haut, hauteur, hérisson, hors, hurler. Le masculin héros, bien que d'origine grecque, a un H aspiré (peut-être sous l'influence du germanique héraut), alors que l'héroïne reste fidèle à ses origines. »
Remarque 2 : Quant à la prétendue tolérance à propos de la prononciation des zaricots, il s'agit bien évidemment d'un canular dont le succès fulgurant ne laisse pas de m'étonner. Selon le site de l'Académie française, « la rumeur selon laquelle il serait aujourd'hui d'usage et admis que l'on fasse cette liaison a été colportée par un journal largement diffusé dans les établissements scolaires, L'Actu (n° 8 du jeudi 3 septembre 1998, p. 7), qui n'a pas jugé bon de publier de rectificatif ».
Remarque 3 : Dans les dictionnaires, les mots commençant par le h aspiré sont précédés d'un signe distinctif (généralement un astérisque *).
Subtilités
La hanche (articulation) mais L'anche (les instruments à anche)
Le huis clos (décision de ne pas admettre le public à l'audience) mais L'huis, la porte (dans les deux cas, le s ne se prononce pas).
L'hélicon (à gauche) mais le hautbois (à droite).