« "2008 semble aujourd'hui appartenir à un autre univers. Obama se présentait alors moins contre John McCain que contre les terribles années Bush", grince Hank Sheinkopf, consultant démocrate de New York. »
(Philippe Coste, dans L'Express n° 3188, août 2012)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Pete Souza)
« "Il a raison sur un certain nombre de chose !" surprend alors l'ex-patronne d’Europe Ecologie – Les Verts » (Cécile Duflot, à propos des critiques de Jean-Luc Mélenchon sur les cent premiers jours du gouvernement Ayrault).
(Lilian Alemagna, sur liberation.fr, le 23 août 2012)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Marie-Lan Nguyen)
Ce que j'en pense
Il ne faudrait pas exagérer ! S'il est normal de remplacer l'incise dit-il par des verbes de substitution déclaratifs (répondre, déclarer, crier, s'écrier, s'exclamer, répliquer, rétorquer, reprendre, interroger, etc., où se retrouve l'idée de dire), voire par des équivalents suggérant l'émission d'un son (murmurer, bredouiller, soupirer, gémir...), on se gardera de verser dans la mode actuelle consistant à recourir à des verbes dont le sens n'implique aucune idée de paroles : « Il est abusif de remplacer dans des incises le verbe dire par sursauter, sourire, s'apaiser, etc. », écrit ainsi Hanse.
On suppose que nos journalistes, dans un souci louable de faire court, avaient en tête respectivement « dit en grinçant des dents » (ou « dit d'une voix grinçante ») et « dit de façon surprenante ». Que ne se sont-ils retenus de l'écrire ! Cela... dit, force est de constater, à leur décharge, que de bons auteurs les ont précédés dans cette voie qui, sous le double prétexte de la concision et de l'expressivité, conduit trop souvent au ridicule :
« Ah ! Infâme ! grince le petit homme, c'est toi ! » (Flaubert),
« Ah !... s'apaisa-t-elle tout à coup » (Alphonse de Châteaubriant),
« Puisque tu l'exiges, s'inclina-t-elle [...], j'irai demain à la Ratière » (Henry Bordeaux),
« Bien joué, ragea-t-il » (André Billy),
« "Au moins, niera-t-on qu'il soit chasseur ?" se fût alors retourné notre homme » (Montherlant),
« Mais non, s'agita-t-il, mais non ! » (Vercors),
« Commandeur de la légion d'honneur, m'écrasa le fripier » (Romain Gary),
« Il ne vous en a jamais parlé ? sursauta-t-il » (Anna Gavalda).
À en croire Grevisse, Georgin, Thomas et Girodet, mieux vaut toutefois ne pas abuser de ces formules. Voilà qui est dit !
Remarque 1 : Il ne vous aura pas échappé que parmi ces verbes servant à présenter le discours rapporté, majoritairement transitifs directs, se trouvent des verbes intransitifs ou transitifs indirects qui impliquent également l'idée de dire (ou de écrire, de penser) : s'étonner, insister, etc. Certains en viennent même à être enregistrés comme occasionnellement transitifs : maugréer, soupirer...
Remarque 2 : On notera par ailleurs ce singulier singulier dans « un certain nombre de chose », alors que le pluriel est logiquement requis après les locutions construites avec nombre de. À croire que le gouvernement actuel n'a vraiment rien à mettre à son actif...
Ce qu'il conviendrait de dire
« 2008 semble aujourd'hui appartenir à un autre univers », dit Hank Sheinkopf, amer.
« Il a raison sur un certain nombre de choses ! », dit Cécile Duflot de façon surprenante.