« Alex Salmond a déjà promis qu’il faudrait compter avec lui en cas de victoire écrasante du son parti [indépendantiste] en Écosse (...) "Nous tiendrons les rennes du pouvoir », a-il affirmé en direct sur la BBC dimanche 22 mars". »
(Loïc de La Mornais, sur francetvinfo.fr, le 31 mars 2015)
Alex Salmond (photo Wikipédia sous licence GFDL par The Scottish Government)
Ce que j'en pense
Où l'on apprend l'existence de rennes influents en Écosse (1) − les rennes Claude ?...
L'ancien Premier ministre écossais appréciera la coquille de notre journaliste, victime, dans son élan, d'une plaisante confusion homophonique. C'est qu'il y a rêne, renne et reine, en français. Le premier nom, féminin et coiffé du circonflexe, désigne proprement chacune des courroies servant à guider une bête de selle et, au figuré et au pluriel, la direction, le contrôle (d'un mouvement, d'une affaire, d'une administration) : tenir, prendre en main les rênes d'un État, d'une entreprise, du pouvoir ; le deuxième, désormais masculin (2) et avec une double consonne, désigne quant à lui le mammifère ruminant des régions nordiques, que l'on sait très occupé à tirer le traîneau du père Noël ; et le troisième, féminin et avec un i intercalaire, la femme qui est à la tête de la monarchie ou qui est l'épouse du roi.
Notre journaliste se consolera en apprenant que rêne − apparu en français sous la graphie resne, du latin retina (déverbal de retinere, « retenir, arrêter ») − s'est un temps écrit... renne : « [lier] les rennes de la bride de leurs chevaux » (Pierre Belon, 1553) ; « je dirai combien votre âme est tournée en la justice, puisque parmi la licence de ce temps qui en pouvait lascher les rennes, vous l'avez néanmoins tenue roide et sévère » (Pierre Matthieu, 1595). De quoi jeter un peu plus le trouble dans... l'arène.
Remarque : De nos jours, le moyen mnémotechnique suivant pourra servir de guide orthographique :
Prendre toutes les rênes en main permet d'exercer le pouvoir sans gêne.
Les troupeaux de rennes paissent dans les plaines laponiennes.
(1) De fait, l'animal y aurait été introduit en 1952, à en croire les spécialistes de la race.
(2) Le mot renne, emprunté de l'allemand Reen, lui-même repris du norvégien ou du suédois ren, a longtemps été du genre féminin : « Ces traîneaux vont très vite, surtout quand il sont traînés par une renne bâtarde » (Encyclopédie de Diderot et d'Alembert).
Ce qu'il conviendrait de dire
Nous tiendrons les rênes du pouvoir.