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Êtes-vous vraiment... sur ?

« Le ministre de l'agriculture, Stéphane Travert, s'est défendu jeudi d'avoir mis un frein considérable aux aides à l'agriculture biologique, comme l'ont dénoncé les producteurs biologiques la semaine dernière. "Je m'inscris en faux sur des déclarations comme celles-là", a-t-il dit sur RTL. »
(paru sur boursorama.com, le 3 août 2017)

 

  FlècheCe que j'en pense


Il n'aura échappé à personne que la préposition sur, qui pousse de nos jours à la vitesse d'une mauvaise herbe, est en passe d'envahir la plupart des champs autrefois réservés à ses congénères : on habite sur Paris (au lieu de à), on trouve à redire sur quelque chose (au lieu de à), on n'aboutit sur rien de concret (au lieu de à), on fait quelque chose sur deux heures (au lieu de en), on va voir mamie sur les quatre heures (au lieu de vers), on est sur un dossier important (au lieu de c'est un dossier important, il s'agit d'un dossier important), etc. Dernière victime en date de cette culture surintensive : la locution s'inscrire en faux. Jugez-en plutôt : « Une société de conseil [...] s'inscrit d'emblée en faux sur ce sujet » (BFM TV), « Le sénateur-maire [...] tient à "s'inscrire en faux sur ces déclarations infondées et inexactes" » (France Bleu), « L'OPH 32 s'inscrit en faux sur cette allégation » (La Dépêche), « Le spécialiste s'inscrit en faux sur l'idée, largement répandue, selon laquelle [...] » (L'Obs), « Nous nous inscrivons en faux sur ce point » (Le Monde), « Elle s'inscrivait en faux sur les arguments avancés dans la note » (Le Figaro(1). J'en étais resté, pour ma part, à la construction avec contre au sens courant de « opposer un démenti, s'élever contre (une proposition, une allégation...) » : « Ah ! je m'inscris en faux contre vos paroles » (Molière), « Invariable ? On peut hardiment s'inscrire en faux là contre » (Maurice Grevisse), « Je m'inscris en faux contre ce que vous venez de dire » (neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie) et, elliptiquement, « Une méprise de mots contre laquelle Nay semblait s'être inscrit d'avance » (Buffon).

Le tour, attesté au XVIe siècle (2), serait emprunté à la langue juridique, où s'inscrire en faux (ou à faux) se disait proprement pour « écrire son nom sur un registre en vue d'établir la fausseté d'une pièce », soit « soutenir en justice qu'un acte produit par la partie adverse est faux ou falsifié ». De là, selon toute vraisemblance, la tentation de la préposition sur, semée à tout vent dans le langage commun par confusion entre le support utilisé (s'inscrire sur un registre, sur une liste) et la chose dénoncée (s'inscrire contre quelque chose). Il n'empêche, on n'hésitera pas à poursuivre les contrevenants − fussent-ils animés d'intentions biologiquement pures − pour faux et usage de faux...

(1) On récolte aussi sur la Toile de nombreux exemples avec la préposition avec (sous l'influence de être en froid avec ?) : « S'inscrire en faux avec l'idée que [...] » (Le Point), « Donald Trump s'inscrit en faux avec les différents concepts qui [...] » (Les Échos).

(2) « S'inscrire en faux contre ceste loy Salique » (Responce des vrays catholiques françois à l'avertissement des catholiques anglois pour l'exclusion du roy de Navarre de la Couronne de France, 1588).

 

Flèche

Ce qu'il conviendrait de dire


Le ministre de l'Agriculture s'inscrit en faux contre ces déclarations.

 

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M
Bonsoir M, Marc, la vendange tout comme la moisson sont des termes plus utilisés que le mot récolte à la campagne. Bye.
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M
Certes, je comprends, et l'argument est valide.<br /> Selon mon Larousse Universel (1949):<br /> Récolter: faire une récolte : récolter du blé. Fig. : recueillir : qui sème l'injustice récolte la haine. [...] ANT: semer, ensemencer.<br /> et<br /> Récolte: action de recueillir les biens de la terre: la récolte des foins. Produits qui en résultent : une bonne récolte de blé. Fig.  résultat de recherches : une maigre récolte de documents.<br /> Cela va dans le même sens. J'ai aussi garde en tête l'opposition récolte (de ce qui a été produit après semailles) / cueillette (de ce qui pousse naturellement)...<br /> Tout de même, quelque chose me gêne dans cet usage "par extension", même s'il se rencontre chez les meilleurs auteurs: lorsqu'on n'a rien "semé", l'emploi de ce mot, même au figuré, me semble moins élégant que celui de relever (vos exemples) rassembler, collecter, ou recueillir, qui ne suggèrent pas la nécessité d'une action préalable (ensemencer, semer).<br /> Sans doute donc une question de goût et de style, en toute subjectivité !
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M
Bonjour,<br /> Tout d'abord, mes félicitations pour ce site. Je ne l'ai pas encore visité de manière approfondie, donc je n'en dis pas davantage pour le moment, mais c'est toujours un plaisir de lire des remarques et explications pertinentes sur la langue.<br /> Une remarque. Sur le billet ci-dessus, vous écrivez : "On récolte aussi sur la Toile de nombreux exemples"...Il me semble que cet emploi du mot "récolte" ou "récolter", pourrait être impropre dans ce cas. On récolte ce qu'on semé, dit-on, au sens propre ou au figuré. Je dirais plutôt qu'on relève, qu'on remarque, ou qu'on recueille sur la Toile des nombreux exemples...d'utilisation inappropriée de "récolter" ! Combien de fois entend-ton "récolter des fonds", ou "récolter des dons", alors que les collecter, les obtenir, ou à la rigueur les recueillir serait plus correct à mon avis - car il n'y a ni labourage, ni semailles, à moins que dans la phrase on indique que la bonne parole qui a été semée (métaphoriquement) permet ensuite  de récolter ces fonds ?<br /> Cordialement,<br /> M
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M
Bonsoir M. Marc, exact trop de [sur] qui boursouflent la phrase.
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