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Et quand bien même !

« "Combien même un bébé c’est épuisant, rien ne justifie une telle réaction", attaque [l'avocat] » (à propos d'une affaire de maltraitance sur enfant).
(Riad Doua, sur ledauphine.com, le 16 janvier 2014)  

 

FlècheCe que j'en pense


C'est vraisemblablement par déformation phonétique de la locution littéraire quand bien même que le tour combien même se rencontre parfois dans la langue populaire pour exprimer la concession, une contradiction entre une hypothèse et un fait : Combien même je le voudrais, je ne le pourrais pas au lieu de Quand bien même je le voudrais, je ne le pourrais pas (entendez : alors même que je le voudrais, même si je le voulais). À moins qu'il ne s'agisse d'un probable avatar de l'ancienne locution conjonctive combien que, renforcée par l'adverbe même.

Peu importe à vrai dire : « C'est un véritable barbarisme », dénonce Dupré avec juste raison. Combien même, poursuit-il, ne peut s'employer correctement qu'avec une valeur interrogative ou exclamative, au sens de « et même, combien... » (comprenez : comme un simple renforcement de combien par l'adverbe même), à l'instar de cette citation de Rousseau : « Combien d'unions bizarres [...] ! Combien même d'époux honnêtes et vertueux font mutuellement leur supplice pour avoir été mal assortis ! »

Est-il besoin de préciser ici que, si la locution quand (bien) même peut se construire avec l'indicatif (« pour marquer généralement le temps plutôt que l'opposition », selon Grevisse), elle s'emploie surtout avec le conditionnel quand perce l'idée d'une hypothèse non validée (« considérée comme irréelle et qui serait sans influence », selon Hanse) ? Comparez : « Je sais bien que les hommes ne sont que des hommes quand bien même ils sont très grands » (Georges Duhamel), « Elle montrait tant d'affection aux parents inconnus, quand bien même ils étaient morts depuis longtemps » (Jacques Bainville) et « Et, quand bien même il aurait de l'argent, rien à acheter ne se présente pour éveiller aucun désir » (André Gide). Dans le premier exemple, quand bien même a le sens de « même quand » ; dans le deuxième, celui de « bien que » ; dans le troisième, celui de « même si ». Quand ces nuances vous paraîtraient subtiles, elles n'en seraient pas moins justifiées.


Remarque 1 : La même confusion, due à une prononciation ou à une compréhension défectueuse, existe entre quand même et comme même.

Remarque 2 : On se gardera également de confondre quand même au sens de « malgré tout » et quand même au sens de « même si ». Comparez : S'il pleut, je sortirai quand même et Quand (bien) même il pleuvrait, je sortirais.

 

Flèche

Ce qu'il conviendrait de dire


Quand
bien même un bébé c'est épuisant...

 

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L
Salut.L'effort que vous dépensez pour apprendre et surtout maitriser la langue française est louable. Mes salutations.
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A
Bonjour<br /> Doit on écrire :<br /> je ne serai pas reçu quand bien meme je réussirais la derniere épreuve ou je ne serais pas reçu quand bien meme je réussirais la derniere épreuve ?<br /> Merci 
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S
cette locution continue d etre mal utilisee par un bon nombre de personnes yako les mauvais utilisateurs.
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M
Cf. Remarque 1 ci-dessus, hélas !
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G
Surenchérissons : professeur de français (au lycée, si, si), je déplore de plus en plus de comme même (au lieu de quand même) dans les copies - et je vous fais grâce des cômême...
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