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Échouage / Échouement

La triste actualité italienne de cette fin de semaine m'oblige à préciser la distinction que fait l'Académie entre échouage et échouement qui, bien que tous deux dérivés du verbe échouer, ne recouvrent pas la même réalité en termes de marine.

Parce qu'il désigne l'action d'immobiliser un navire en lui faisant volontairement toucher le fond, l'échouage ressortit à la manœuvre (donc est intentionnel), quand l'échouement (avec un e intercalaire) relève de l'accident (donc est fortuit).

Astuce


Moyen mnémotechnique : échouement rime avec accident.

 

Ainsi parlera-t-on (jusqu'à preuve du contraire, tout du moins) de l'incroyable échouement du Costa Concordia au large des côtes de la Toscane, ce fameux vendredi 13 janvier 2012 (et non de son échouage, comme on l'a beaucoup lu dans une certaine presse plus prompte à se la couler douce et à suivre le flot qu'à consulter un dictionnaire, au risque d'ajouter les dégâts linguistiques à une liste d'avaries déjà bien fournie).

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Remarque 1
: Et que dire de ce « paquebot couché sur le flan » relevé sur lavoixdunord.fr, dauphine.com et radiofrance.fr (pour ne citer qu'eux) ? Sinon que cela ne va pas être du gâteau pour le redresser ! Comme si le nombre de victimes et de disparus ne suffisait pas, il a encore fallu que certains journalistes (des tire-au-flanc ?) se noyassent dans les approximations linguistiques... au risque de prêter le flanc au ridicule.

Remarque 2 : Concernant le comportement prétendument suicidaire de certains cétacés, il semble plus adapté de parler d'échouement, mais force est de constater que, dans l'usage, ce terme est nettement concurrencé par échouage, plus en vogue.

Remarque 3 : On notera cette curiosité qui fait de bas-fond et de haut-fond tantôt des synonymes (au sens de « endroit de la mer ou d'un cours d'eau où la profondeur de l'eau est faible et où la sonde rencontre promptement le fond »), tantôt des antonymes (au sens de « élévation du fond de la mer ou du fond d'une rivière », respectivement « qui laisse suffisamment de profondeur pour permettre la navigation » et « qui réduit dangereusement la profondeur d'eau navigable »).

Le paquebot s'est échoué sur un bas-fond (ou sur un haut-fond).

Remarque 4 : Pour le sens figuré de « ne pas réussir », on emploie le nom échec qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne dérive pas du verbe échouer mais est une altération d'eschac, emprunté de l'arabo-persan shah, « roi », dans la locution shah mat, « le roi est mort ». D'abord utilisé comme une interjection par laquelle le joueur d'échecs avertissait un adversaire que son roi était menacé, il désigne un insuccès, un revers momentané (essuyer un échec).

Echouage / Echouement
Échouement du Costa Concordia
(photo Wikipédia sous licence GFDL par Rvongher)

 

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M
Votre analyse me semble d'autant plus pertinente que je la pressentais dès la rédaction de ce billet. La preuve en est que j'avais pris l'élémentaire précaution de préciser "jusqu'à preuve du contraire, tout du moins". Bien m'en a pris, car sinon j'aurais été dans... les choux !Merci de votre contribution.
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P
Puis-je me permettre?Notre cher commandant du Costa Concordia précité à, je crois, volontairement échoué son navire afin que celui-ci ne coule point suite à une brèche causée par une erreur de navigation qui elle, par définition, était involontaire... La presse, par "échouage", semble donc avoir utilisé le terme exact, sans doute par pur hasard pour certains journalistes, je vous l'accorde.Par ailleurs, merci de vos précisions sur l'échouage et l'échouement, c'est ce que j'étais venu chercher.
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H
Touché ! J'ai pourtant le souvenir quasi phonographique d'une leçon de grammaire en classe de rhétorique, il me semble que Boileau était de la partie, et qu'il déconseillait l'usage du passé composé au-delà de 48 heures (sic!); mais surtout que le passé composé était assimilé au présent pour ce qui est de la concordance du subjonctif. Mais bon, c'était dans les années 50, et je suis bien conscient que les quelques neurones qui me restent me lâchent de plus en plus souvent...
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M
Le subjonctif imparfait (ou passé) ne serait pas possible dans une subordonnée, après une principale au passé composé ? Voire.<br /> Il a fallu que le gouvernement donnât des encouragements à cet art (Voltaire).<br /> Il a fallu que je demandasse une audience à l'empereur & à l'impératrice (Richelieu).<br /> Il a fallu qu'il examinât son esprit (Montesquieu).<br /> Il a fallu que mes malheurs m'aient instruit (Fénelon).<br /> Il a fallu qu'il ait appris l'obéissance (Pascal).<br /> Il a fallu qu'il se fît un état (Balzac).<br /> Il a fallu qu'il épousât la fille de l'empereur (Alexandre Dumas).<br /> Il a fallu qu'il mît les pouces (Dictionnaire de l'Académie, 7e édition).<br /> Et plus près de nous :<br /> Il a fallu que je devinsse presque un jeune homme (Pierre Loti).<br /> Il a fallu qu'ils fussent soutenus par cette sourde complicité (François Mauriac).<br /> Il a fallu qu'ils augmentassent sans cesse l'obscurité (Gérard Walter).<br /> Rien n'empêche toutefois, je vous rejoins sur ce point, de préférer le présent du subjonctif, moins daté, dans la langue courante.
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H
Le problème, c’est qu’on aura beau rappeler les usagers à l’ordre, voire sodomiser les mouches morphologiques ou syntaxiques, c’est toujours l’usage qui triomphe à long terme, c’est d’ailleurs comme ça que les langues vivent (et meurent, ou du moins se transforment : ainsi, vous et moi, en ce moment, conversons dans une forme de latin assez malmené par les siècles...).   ...il a encore fallu que certains journalistes (des tire-au-flanc ?) se noyassent dans les approximations linguistiques... au risque de prêter le flanc au ridicule.    Ainsi le blogueur de  PARLER FRANCAIS se vautre dans l’approximation linguistique lui-même car il se plante dans la concordance des temps : après un passé composé (qui relève du présent), c’est un subjonctif présent qu’il nous faut :   Il fallait qu’ils se noyassent, oui   Il eût fallu qu’ils se noyassent, bien sûr   mais : Il a fallu qu’ils se noient
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