« Dans le cas de l’enfant pouvant désormais contrôler sans traitement son infection, il avait reçu des antirétroviraux moins de 30 heures après sa naissance, soit beaucoup plus tôt que ce qui est normalement fait pour les nouveaux-nés à haut risque d'être contaminés » (à propos du premier cas de guérison apparente d’un jeune enfant contaminé à la naissance avec le virus du sida).
(dépêche AFP, sur liberation.fr, le 4 mars 2013)
(photo Wikipédia)
Ce que j'en pense
Après tout, on écrit bien les premiers-nés, les dernières-nées, ainsi que les nouveaux venus, les nouveaux riches...
Mais voilà, le composé nouveau-né (employé comme adjectif ou comme substantif) fait exception : l'adjectif nouveau y serait pris adverbialement au sens de « nouvellement », ce qui justifierait son invariabilité (mais pas celle du participe passé auquel il est relié par un trait d'union). Soit dit en passant, l'argument paraît quelque peu frelaté : des nouveaux mariés ne sont-ils pas des personnes nouvellement mariées ? De même, le nouveau-né n'est-il pas nouveau venu dans l'existence ? Reconnaissons que l'on s'explique mal cette différence de traitement.
D'aucuns pensent que « c'est parce qu'on a l'habitude de n'employer nouveau-né qu'au masculin ; dès lors, nouveau nous semble plus intimement lié à né qu'à marié » (Étienne Le Gal). À tel point qu'un arrêté de 1901 suggéra de réunir opportunément les deux mots en un seul, formant son féminin et son pluriel selon la règle générale du genre et du nombre : nouveauné, nouveaunée, nouveaunés. Il faut croire que, en ce domaine, le virus du 2 en 1 est resté mort-né.
Il n'empêche, les auteurs ayant privilégié l'accord ne manquent pas, selon Grevisse : Arnoux, Barjavel, Colette, R. Rolland, etc. L'Académie, elle-même, concède désormais que se rencontre parfois la forme nouvelle-née...
Alors, dans le doute, vaut-il mieux continuer d'écrire des nouveau-nés, des nouveau-nées ? Je vous refile le bébé !
Voir également le billet Premier.
Ce qu'il conviendrait de dire
Les nouveau-nés (si l'on s'en tient à la graphie préconisée par l'Académie, Larousse, Robert, Littré, Girodet, Thomas, Hanse).