« Mais pourquoi s’installer à des années lumières de notre beau pays ? Et qu’est ce qu’on trouve dans un bar à Nutella mises à part des noisettes ? »
(paru sur aufeminin.com, le 4 décembre 2013)
(photo Wikipédia sous licence GFDL par A. Kniesel)
Ce que j'en pense
Des bars pour déguster en toute promiscuité la célèbre pâte à tartiner ? Voilà qui ne manque pas d'originalité. Reste à savoir si l'on est plus enclin à trinquer à la santé de la langue française une tartine de Nutella à la main.
Loin de moi l'intention de chercher des noise(tte)s à l'auteur dudit article, mais force m'est de constater qu'il est d'autant plus difficile de passer pour une lumière que l'on s'empresse de faire les choses en deux coups de cuiller à pot (de Nutella).
Rappelons à toutes faims utiles, pardon, à toutes fins utiles que l'expression année de lumière, plus couramment − et « abusivement », selon le Dictionnaire historique − employée sous la forme année-lumière, correspond à la distance parcourue dans le vide par la lumière en une année. En toute logique, seul le premier élément de cette unité de longueur utilisée en astronomie est susceptible de prendre la marque du pluriel, le complément du nom restant invariable. On écrira donc correctement, avec l'Académie, des années de lumière ou des années-lumière.
Quant à la locution prépositive mis à part, qui signifie « sans tenir compte de, abstraction faite de », il est d'usage de la laisser invariable quand elle précède le nom auquel elle se rapporte : mis à part les noisettes mais les noisettes mises à part.
Pas de quoi en faire une tartine, certes, mais suffisamment pour friser l'indigestion... grammaticale.
Voir également le billet Locutions prépositives.
Ce qu'il conviendrait de dire
Mais pourquoi s’installer à des années-lumière de notre beau pays ?
Et que trouve-t-on dans un bar à Nutella mis à part des noisettes ?