On se gardera de confondre ces trois adjectifs.
Déraisonnable
L'adjectif déraisonnable signifie « qui n'est pas raisonnable, qui manque de raison ».
Un homme déraisonnable, une conduite déraisonnable, des propos déraisonnables.
Irraisonnable
L'adjectif irraisonnable signifie « qui n'est pas doué de raison ».
L'âme se divise en raisonnable et irraisonnable (Diderot).
Jean-Charles Laveaux précise la distinction entre irraisonnable et déraisonnable :
« Le premier est un terme didactique qui se dit des animaux, parce qu'ils ne sont pas doués de raison ; le second est un terme du langage ordinaire qui signifie "qui est contraire à la droite raison, qui n'agit pas suivant les lumières de la raison". L'homme n'est pas un animal irraisonnable ; mais il y a bien des hommes qui sont déraisonnables » (Dictionnaire des difficultés de la langue française, 1822).
Remarque : Le mot, considéré par Dupré comme « tombé en complète désuétude», est absent de la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie.
Irraisonné
L'adjectif irraisonné signifie, quant à lui, « qui n'est pas raisonné, que la raison ne peut contrôler ».
Un geste irraisonné, un acte irraisonné, une peur irraisonnée.
Remarque : Un adjectif desraisonné est attesté dans l'ancienne langue, avec la valeur perfective du préfixe des-, dé- (comme dans débattre) : « A droit compas desraisoné [= calculé, raisonné d'une manière bien proportionnée ?] » (Baudouin de Condé, XIIIe siècle) ou, plus souvent, avec la valeur privative du préfixe des-, dé- (comme dans défaire) : « Ne les siens dictz ne sont desraisonnez [= déraisonnables ?] » (Roger de Collerye, avant 1536), « La calumnie [...] atroce et desraisonnee » (Rabelais, 1552), « Telle volonté subite et desraisonnee » (Henri Estienne, 1578). On trouve chez Rimbaud un « long, immense et déraisonné dérèglement de tous les sens » (1871) ; pour autant, la graphie moderne déraisonné n'est enregistrée par les dictionnaires usuels que comme un participe passé, éventuellement substantivé au sens de « personne mentalement aliénée » (selon le TLFi) : « Courir les bois comme une déraisonnée » (Claudel, 1901).
Campagne FNE (France Nature Environnement)
contre l'usage irraisonné des pesticides