« Au cœur de la tempête, le distributeur Findus se défend en disant que c’est lui qui a découvert le pot-aux-rose, et pas les autorités sanitaires ou les diverses autres maillons de la chaîne » (à propos de la découverte de viande de cheval dans des plats cuisinés).
(lu sur liberation.fr, le 9 février 2013)
(photo Wikipédia)
Ce que j'en pense
Nul besoin de monter sur ses grands chevaux pour blâmer le journaliste de l'AFP : il se sera sans doute déjà fait étriller par son écurie.
Il n'empêche : grand bien lui ferait de s'assurer d'une meilleure traçabilité des accords en genre et en nombre.
Profitons de l'occasion donnée pour rappeler que l'origine de l'expression découvrir le pot aux roses (dont on notera qu'elle s'écrit sans traits d'union) est incertaine. Attestée dès le XIVe siècle (d'après le Dictionnaire historique), elle fait suite à l'expression découvrir le pot (où le verbe découvrir est à prendre dans le sens de « soulever le couvercle »), apparue un bon siècle plus tôt avec le même sens de « découvrir le secret d'une affaire ».
Selon Littré, il s'agit d'une allusion au « pot dans lequel on met les roses, l'essence de rose » ; l'explication est un peu courte et ne fait pas de distinction entre un vase et un pot à parfum. Certains évoquent le rose dont ces dames se fardaient, même si l'on est fondé à s'interroger sur la légitimité du pluriel dans ce cas. D'autres sources encore se réfèrent à l'idée symbolique attachée à la rose pour tenter d'expliquer l'origine de notre expression : « La rose, dont on croyait que Cupidon avait fait présent à Harpocrate, dieu du silence, pour l'empêcher de révéler les faiblesses de Vénus sa mère, devint dans l'Antiquité le symbole de la discrétion. Quand on faisait une confidence à quelqu'un, on ne manquait pas de lui offrir une rose comme une recommandation de respecter les secrets dont il devenait dépositaire » (Journal grammatical de la langue française, 1835). Cette fleur figurait notamment dans les festins – suspendue au-dessus de la table ou sous la forme de couronnes tressées ou de bouquets – pour placer les conversations sous la rose, entendez sous le sceau du secret (en souvenir de la locution latine sub rosa, « secrètement, confidentiellement »). Si cet antique usage a le mérite de justifier le pluriel de roses, il ne manque pas de soulever de nouvelles interrogations sur le sens du fameux pot... sauf à considérer avec M. Quitard qu'il s'agissait d'un « vase de roses sous un couvercle » (Dictionnaire des proverbes, 1842). De là sans doute le raccourci de Littré : « pot dans lequel on met les roses ».
Enfin, une tradition maçonnique, rapportée par des sources diverses (dont la revue Défense de la langue française), consistait semble-t-il à utiliser un récipient (une jarre ou un vase) rempli de roses ou de pétales de roses, que l'on recouvrait d'un tissu en présence des grades inférieurs. Le pot aux roses n'était découvert qu'entre maçons mis au parfum, pour débattre de sujets graves et secrets.
Ce qu'il conviendrait de dire
C’est lui qui a découvert le pot aux roses, et pas les autorités sanitaires ou les divers autres maillons de la chaîne.