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Crise de confiance

« M. Valls s’est dit confiant que le dossier aboutisse » (à propos du traité de libre-échange CETA entre le Canada et l'Union européenne).
(Anne Pélouas, sur lemonde.fr, le 12 octobre 2016)

 

FlècheCe que j'en pense


L'expression être confiant que, nous dit-on, est un calque de l'anglais to be confident that, que le locuteur soucieux de sa langue gagnera à remplacer par avoir confiance que (selon Hanse), avoir bon espoir que, être persuadé que, ne pas douter que, croire que, estimer que, etc.

C'est que, précise l'Office québécois de la langue française, l'adjectif confiant, contrairement à son cousin anglais confident, « n'est pas synonyme de convaincu, persuadé et ne peut se construire avec une proposition complétive introduite par que ou avec un infinitif introduit par de ». Méfiance, donc. Cela dit, rien ne l'empêche d'être suivi d’un complément de personne ou de chose, introduit le plus souvent par les prépositions en ou dans (et autrefois de) : « Confiant en son étoile. Confiant dans le succès, dans la justice de sa cause. Confiant à l'égard de ses amis » (neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie), « Confiant en ses amis » (Robert).

Seulement voilà, force est de constater que la construction incriminée est attestée de longue date (*) : « Nous vous nommons députés, [...] confiants que le gouvernement ferait son devoir » (Charles Dupin, 1832), « Je suis confiant que l'aperçu qui en sortira suffira » (Joseph Borsani, 1854), « Nous sommes confiants que notre ordre opinera par tête » (Célestin Hippeau, 1868), « Tant j'étais confiant que l'événement viendrait un jour me donner raison » (Jean-Charles Houzeau de Lehaie, 1872), « Puis nous sommes partis, confiants que l'espace À notre avide essor n'offrirait point d'impasse » (Jules Carrara, 1892), « Je suis confiant que nous saurons rattraper le temps perdu » (Félix Camoin, 1906)... et jusque sous une plume académicienne : « L'équipe [...] confiante que les trois hommes de la défense feront ce qu'il faut » (Montherlant, 1924). Si l'on ne peut même plus faire confiance aux Immortels pour montrer l'exemple...


(*) Peut-être dès le XVIe siècle : « Et confiant que la chose se résoldra à bon effect, et que y tiendrez la main, je [la] remectray, suyvant vostre advis, comme le m'a escript ledict Montfalconet » (Charles Quint, 1532).


Remarque : Voir également le billet Avoir confiance (en, dans).

 

Flèche

Ce qu'il conviendrait de dire


M. Valls s'est dit confiant dans le fait que (ou, plus légèrement, a bon espoir que) le dossier aboutisse.

 

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