« "Confiant et combattif". "Stéphane Richard est mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Il est confiant et combatif (...)", a annoncé son porte-parole. »
(Marie-Laure Combes, sur Europe1.fr, le 12 juin 2013)
Stéphane Richard (photo Wikipédia sous licence GFDL par Guillaume Paumier)
Ce que j'en pense
Voilà une éloquente illustration des effets pervers de la réforme de l'orthographe : on plaide pour la nécessaire harmonisation des mots d'une même famille et l'on finit par voir les deux graphies, traditionnelle et réformée, fleurir en bande désorganisée dans un même paragraphe. Avouez que cela mérite examen.
L'orthographe traditionnelle, seule consignée dans le Dictionnaire de l'Académie, est combatif avec un seul t (comme combativité), alors que le verbe combattre en prend deux. De là la volonté des réformateurs de 1990 de rendre cohérente ladite série en préconisant les graphies combattif et combattivité. Il est intéressant de noter que Littré, cent ans plus tôt, écrivait déjà combattivité avec deux t ; Alain Rey, dans son Dictionnaire historique de la langue française, poursuit le combat, en considérant la graphie avec un seul t comme « anormale », rien de moins.
L'affaire semble donc entendue : deux t pour les dérivés de combattre, sinon rien. Mais voilà que se profile une nouvelle anomalie qui, cette fois, ne semble guère émouvoir nos spécialistes : combattif serait le seul mot de la langue française en -atif à doubler la consonne ! Et pour cause : le suffixe -if servirait à la formation d'adjectifs à partir d'un nom, et non d'un verbe, selon les mécanismes d'adjectivation analysés par Thiele. Alors, combatif dérive-t-il de combat ou de combattre ? Le... combat reste ouvert.
Ce qu'il conviendrait de dire
Dans un souci de cohérence, on s'en tiendra à l'une ou l'autre graphie.