« Je cherche un convoiturage pour vendredi. »
(lu sur un célèbre site de petites annonces en ligne)
Ce que j'en pense
D'abord, j'ai été pris d'un doute. C'est con, je sais, mais j'ai préféré vérifier dans mes dictionnaires, par acquit de conscience : aucune trace de convoiturage, comme je le conjecturais, mais – une fois n'est pas coutume – une belle coalition autour de covoiturage (« utilisation en commun d'une même voiture, afin d'alléger le trafic routier ou de partager les frais de transport »).
Peut-il s'agir d'une coquille isolée ? Une rapide recherche sur Internet prouve le contraire : 37 200 occurrences de convoiturage sur Google à la date du 26 septembre 2012. Comment cela est-il possible ?
Covoiturage est un néologisme apparu en 1989, formé à partir du substantif masculin voiturage (dérivé lui-même du vieux verbe voiturer, « transporter »), précédé du préfixe co- (emprunté du latin cum, « avec ») entrant dans la composition de nombreux mots pour exprimer l'association ou la simultanéité : coéquipier, coopter, coproduction, etc.
Il se trouve que ledit co- possède de nombreuses variantes : col-, com-, con-, cor- (en fonction de la première lettre du radical), que l'on retrouve dans collaborer, compagnon, concentrique, correspondre, etc. La logique latine aurait sans doute privilégié le préfixe con- devant le v de voiturage, à l'exemple de convoi, déverbal de convoyer (du latin conviare, de cum et viare, « faire route avec »), ou de convalescence, convenir, conversation... Mais il faut croire que le français moderne s'est affranchi de ces anciennes règles (et particulièrement de ce con- si peu « politiquement correct »), en privilégiant co- dans la préfixation de ses dernières créations (covendeur, covigneron, covolume, covariance, covaleur, covoyager, etc.).
Ce qu'il conviendrait de dire
Je cherche un covoiturage pour vendredi.