Certes, il est tentant d'affubler le mot cauchemar d'un d final superfétatoire, par analogie avec le verbe cauchemarder et l'adjectif cauchemardesque associés. Mais ce serait une faute, doublée d'une entorse à son étymologie picarde ! Sans doute a-t-on considéré que la graphie cauchemarer n'aurait fait rire personne... au point d'envisager sérieusement l'ajout d'un d euphonique qui n'appartient pas au radical (ce phénomène d'intercalation d'une lettre qui n'est pas d'origine étymologique s'appelle une épenthèse).
Ce film m'a fait faire des cauchemars (et non des cauchemards), mais Ce film m'a fait cauchemarder.
Si cette bizarrerie heurte votre logique, sachez que abri s'écrit sans le t d'abriter, bazar sans le d de bazarder, etc.
Remarque 1 : Emprunté du vieux français cauquemare, composé de cauche, impératif de l'ancien verbe cauchier, « presser, fouler », et du néerlandais mare, « fantôme nocturne » (que l'on retrouve dans le mot anglais nightmare), un cauchemar est, du point de vue étymologique, « un rêve dans lequel on est poursuivi par des fantômes et qui s'accompagne d'une sensation d'oppression ».
Remarque 2 : Les adjectifs cauchemardesque (« qui ressemble à un cauchemar ») et cauchemardeux (« rempli de cauchemars ») viennent de faire leur entrée dans la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie. En revanche, la variante cauchemaresque (attestée chez les frères Goncourt et chez Blaise Cendrars) n'y est toujours pas enregistrée. Elle faisait pourtant vraiment peur, non ?
(Émission de télévision)