Voilà une expression dont on use et abuse au point d'en oublier le sens.
En effet, la locution prépositive au niveau de signifie proprement « à la hauteur de » et décrit, de fait, la position dans l’espace de deux choses l’une par rapport à l’autre.
La température relevée au niveau du sol.
La fuite s'est produite au niveau de la soudure.
Il est parvenu au niveau du rond-point.
Au sens figuré, cette locution ne doit être employée, selon l'Académie, « que lorsqu'elle exprime une comparaison entre deux termes ».
Son talent n'est pas au niveau de sa réputation.
Cet élève n'est pas au niveau de sa classe.
Les exemples suivants, bien que ne suggérant pas de comparaison, supposent un degré, un grade, un échelon et sont donc considérés comme corrects par de nombreux spécialistes (Bescherelle, Hanse, etc.) mais pas forcément par l'Académie.
Ces dossiers seront traités au niveau des conseillers.
Cette décision sera prise au niveau de la direction.
En revanche, c'est à tort que l'on emploie au niveau de en l'absence de toute notion d'échelle, au sens de « en ce qui concerne, sur le plan de, du point de vue de, pour ce qui est de, en matière de, dans le domaine de, quant à, etc. »
Nous avons un problème en ce qui concerne les ressources humaines (et non au niveau des ressources humaines).
Le talent de cet artiste se manifeste surtout sur le plan de l'expressivité (et non au niveau de l'expressivité).
Il va subir une opération au cœur (et non au niveau du cœur).
On a relevé des erreurs d'arbitrage (et non des erreurs au niveau de l'arbitre).
Les scores du parti progressent (et non Le parti progresse au niveau des scores).
Remarque 1 : Je n'ose ici évoquer cette vilaine expression « au niveau du vécu », qui a fait florès en dépit d'un... niveau de langue à peine correct.
Remarque 2 : L'expression se mettre au niveau de signifie « se mettre à la portée de » et n'est pas sujette à critique.
Afin de bien se faire comprendre, il s'est mis au niveau de son interlocuteur.
Remarque 3 : Employée dans le sens figuré de « au niveau de », la locution au plan (de) est critiquée par l'Académie. On la remplacera par sur le plan (de) − suivi d'un substantif ou d'un adjectif −, ou, mieux encore, par d’autres locutions telles que dans le domaine de, en matière de, du point de vue de, au sujet de, pour ce qui est de, en ce qui concerne.
Sur le plan moral, sur le plan de la santé (ou mieux : du point de vue de la morale, en matière de santé).
Sur tous les plans.